Top 50 : Tu
susurres avec
une douce sensualité, tel un grand programme, "Je suis
libertine, je suis une catin". Dans le clip tiré de ta
chanson, tu te montres dénudée, t'abandonnant au
premier venu, etc... Ça veut dire quoi tout ça ?
Tu veux provoquer ?
Mylène Farmer : Je veux simplement sortir de l'ordinaire, du
déjà
vu.
D'accord,
mais quand même, pour assurer et chanter "Je suis
une catin", une putain, quoi ! Il faut avoir l'esprit
légèrement obsédé...
Cette
chanson est venue instinctivement, pendant les
séances
d'enregistrement de l'album. J'étais en studio avec une
équipe et à ce moment-là, il n'y avait
aucun texte, seulement quelques notes que j'avais
déjà en tête. La mélodie
pianotée avait été
préalablement composée par Laurent Boutonnat. Je
me suis mise à chanter en yaourt pour coller avec la musique
et tout à coup, j'ai lancé "je suis une pute". De
là, est venu "Je suis une catin" pour coller avec la rime de
"libertine".
Tu viens de parler
de Laurent Boutonnat. C'est un peu ton Pygmalion. Tu n'as pas
l'impression de n'être qu'une poupée de son...
Pas du tout. Ma présence est totale, même si
Laurent compose et écrit pour moi, me produit, dirige mes
clips. Il a du talent, il l'exploite à mes fins et aux
siennes. Moi je n'ai aucune prétention en musique.
Tu te
considères seulement comme une interprète. Une
interprète pop ?
Quoi ! Mais je ne sais pas ce que ça veut dire, moi, pop.
J'estime que je fais de la bonne variété
française, au même titre que Rita
Mitsouko. Je n'aime pas classer les artistes ou les groupes dans des
catégories.
Tu es sensible
à quel genre de musique ?
Moi, c'est simple, je n'aime que "Depeche Mode".
Quel genre de vie
mènes-tu ?
Je suis plutôt d'humeur casanière. Je
préfère rester chez moi, dans mon appart. du
3è arrondissement et passer mon temps à lire.
J'aime la littérature fantastique, Edgar Poe et d'autres
auteurs du siècle dernier. Je suis du genre insomniaque et
mes cauchemars m'inspirent.
Que fais-tu quand
tu n'arrives pas à dormir ?
Je ne me lève jamais. Je reste tranquillement dans mon lit
à attendre que le sommeil me reprenne.
Tu sembles afficher
un look très soigné, même au quotidien ?
C'est quelque chose qui me passionne, les fringues. Mes deux stylistes
préférés sont Thierry Mugler et Per
Spook, un jeune Suédois. Plus que tout, j'adore les costumes
d'époque. J'ai un goût prononcé pour
les cols qui montent très haut.
Le style
XVIIIème siècle, c'est quelque chose qui semble
te brancher. Ton clip de Libertine
est-ce situé
à cette époque ?
Ce clip est une super production. Il a coûté
environ 500 000 francs. Il a été
tourné au château de Ferrières. Il a
fallu aménager des centaines de pièces. C'est un
très bon décorateur qui s'est occupé
de tout ça.
Ce clip a vraiment
poussé ta chanson...
J'en suis sûr, vu la super production cela a du avoir un
impact important auprès du public par son
côté libertin et libidineux.