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Mylène Farmer - Interview - Top des Tops - Europe 1 - 04 décembre 1988






Laurent Boyer : Bonjour, Mylène Farmer !
Mylène Farmer : Bonjour !


Laurent Boyer : Ça va bien ?
Mylène Farmer : Très bien !


Laurent Boyer : Bon, je sais que ce matin ça va, parce que pour un dimanche matin, c'est quand même une belle surprise !
Mylène Farmer : D'habitude, je cours !


Laurent Boyer : C'est pas vrai ? Tu fais du sport d'habitude ? Ah bon ? Tu courses à pied (sic) à cette heure-là ?
Mylène Farmer : Hmm... Mais ça, c'est la dernière question, je crois !


Laurent Boyer : Ça sera dans ton Top des tops sport, mais on sait déjà maintenant qu'il y a la course. Parce que je sais qu'en plus, le nouvel album - enfin le dernier album ! - de Mylène Farmer se porte plutôt bien en ce moment. Il a une énorme vente !
Mylène Farmer : Ah oui ! C'est magnifique ! C'est le plus beau cadeau que j'ai en ce moment, c'est vrai que c'est cette vente d'album !


Laurent Boyer : Oui... Alors je sais que ça dépasse... c'est bientôt un... c'est déjà un disque d'or, d'ailleurs, on peut presque le dire, c'est ça ? Hein ? Un album d'or ?
Mylène Farmer : C'est, je crois, beaucoup plus, c'est un double platine ! (Rires) (Ndlr : l'album Ainsi soit je... sera officiellement certifié double disque de platine – pour 600 000 exemplaires vendus - le 17 février 1989, soit un peu plus de deux mois après cette interview)


Laurent Boyer : C'est un double platine ! Rendez-vous compte ! Heureusement qu'il n'y a pas de disque en tungstène sinon tu l'aurais peut-être déjà ! Ça veut dire que c'est des ventes absolument énormes et que ça, c'est assez rare, surtout en ce moment, au niveau des 30cm. Alors Mylène, moi, je voudrais te poser une question. C'est que, on se souvient tous de Mylène Farmer à l'époque de ses débuts, et puis il s'est passé tellement de choses, tellement de titres classés au Top. Mais à l'époque, on pouvait lire, par exemple, que Marc Toesca - donc du fameux Top 50 – disait, à propos de Mylène Farmer, qui arrivait : "Elle est réservée, mièvre et prude". Est-ce que tu penses que c'est une image que tu as donnée, au début ?
Mylène Farmer : Mièvre ? C'est très agréable de sa part... Réservée, je pense que je le suis. Et prude, je renie tout à fait !


Laurent Boyer : Oui... Ce n'était pas l'image que tu voulais donner avec Maman à tort, parce que, déjà, le sujet était... était dedans, et un petit peu intrigant pour l'époque !
Mylène Farmer : Oui, mais... peu importe !


Laurent Boyer : Alors lui dit... parce qu'après il y a eu le deuxième 45T, On est tous des imbéciles...
Mylène Farmer : Il en dit des choses !


Laurent Boyer : Il... il est incroyable, hein ? Et puis il arrive à Plus grandir, et il dit : "A l'époque, Mylène Farmer était trouble et crue" ! Non plus ?
Mylène Farmer : Trouble, oui. Crue, parfois. Cruelle, aussi.


Laurent Boyer : Et cruelle aussi. Alors, est-ce que c'est l'image qu'on peut dire maintenant (sic) et qu'on peut donner à Mylène Farmer, cette image un petit peu crue, avec tout ce qu'il y a eu par la suite, Libertine... ?
Mylène Farmer : Je ne sais pas. Chacun donne l'image qu'il veut bien me donner. Quant à moi, je suis ce que je suis dans la vie, et puis... et puis j'écris et c'est au travers de mes chansons, de mes interviews... Je suis... relativement, je pense... naturelle.


Laurent Boyer : Oui... Alors, c'est... c'est justement quoi, la vie de Mylène Farmer ? Une vie au quotidien de Mylène Farmer ?
Mylène Farmer : Celle d'aujourd'hui, c'est la préparation... spécialement du Palais des Sports, donc c'est... c'est beaucoup de course pour le souffle. C'est tout spécialement une préparation physique.


Laurent Boyer : Alors justement, ce Palais des Sports, ça va être une nouveauté, parce que c'est la première fois qu'on va te découvrir sur scène !
Mylène Farmer : Absolument, une première fois pour moi et pour... pour les téléspectateurs... les spectateurs !


Laurent Boyer : Oui ! Alors là, on a l'habitude de... En fait, on te connaît un petit peu au travers des films, parce qu'on peut appeler ça des films, les réalisations de Boutonnat et les tiennes. Qu'est-ce que tu as envie de faire sur scène ? Tu veux t'exprimer comment ? Tu veux aller jusqu'où ?
Mylène Farmer : (qui soupire) Je ne me donne pas de limites. Je ne peux en aucun cas dévoiler le spectacle et le thème du spectacle. Mais ce sera avant tout quelque chose de visuel, j'espère émouvant, et qui comportera au moins quatorze chansons !


Laurent Boyer : Oui... Conceptuel ou pas ?
Mylène Farmer : Je dirais : "Bien évidemment !", ça fait partie de la façon dont on travaille depuis le début.


Laurent Boyer : Est-ce que t'as envie d'écrire, à un moment donné ? C'est-à-dire d'aller plus loin, d'attaquer le roman par exemple ?
Mylène Farmer : C'est quelque chose que j'aimerais beaucoup. Maintenant, faut-il en avoir le talent, et je crois que j'ai besoin encore de... de beaucoup d'années de... de vie, et l'apprentissage de la vie...


Laurent Boyer : (alors que Mylène rit) On en parlera dans un instant peutêtre avec ton Top des tops ! Alors, Mylène est avec nous, bien sûr, pour nous présenter sont Top des tops cinéma, musique, littérature, comme d'habitude. Donc, on se retrouve dans un instant, Mylène, avec ton Top des tops musique !


Suite à une pause – probablement publicitaire - Laurent Boyer propose aux auditeurs de jouer avec lui et Mylène. Il demande alors à Mylène de lire une question...


Laurent Boyer : Ecoute Mylène, non, non ! Si, si, c'est toi qui poses la question ! (Amusé) Vas-y ! Présente la question !
Mylène Farmer : (qui prend le temps de lire la question et adopte un ton très légèrement provocateur) Je vous présente la question : à quoi je pense quand je susurre à vos oreilles "Pourvu qu'elles soient douces" ? (Rires)


Laurent Boyer : (très amusé) Donc n'hésitez pas, si vous avez une idée... (Il donne ensuite le numéro auquel les auditeurs peuvent appeler) Alors à quoi pense-t-elle lorsqu'elle susurre "Pourvu qu'elles soient douces" ? (Il ajoute un gémissement de plaisir)


Pause jingle ou publicitaire puis reprise de l'émission :


Laurent Boyer : "L'amour s'en va, l'amour revient" ! (Ndlr : il s'agit là d'une chanson de Frédéric François, sortie en 1988) Eh bien oui, c'est bien ça ! Plus treize places, cette semaine, classé Top 30, Frédéric François !


Jingle Coca-Cola Top Quiz


Laurent Boyer : (amusé) Coca-Cola Top Quiz avec la question de Mylène Farmer ! Et le plus prompt, sur le téléphone (il redonne ensuite le numéro auquel les auditeurs peuvent appeler), c'est Laurent ! Bonjour Laurent !
Laurent (auditeur) : Bonjour !
Laurent Boyer : Ça va bien ?
Laurent : Ça va, oui !
Laurent Boyer : Laurent, de Brest, c'est ça ?
Laurent : Oui, c'est ça !
Laurent Boyer : Quel (?) mon garçon !
Laurent : Oui !
Laurent Boyer : Ça va bien à Brest, ce matin ?
Laurent : Bof... Il pleut !
Laurent Boyer : Oui ? Il tombe des dolmens et des menhirs, quoi ? Enfin, c'est...
Laurent : Oh plutôt des menhirs !
Laurent Boyer : Oui ? Plutôt des menhirs ?
Laurent : Aujourd'hui, c'est ça, oui !
Laurent Boyer : Aujourd'hui, c'est un peu ça ! Tu as 19 ans, Laurent, c'est ça ?
Laurent : Oui, c'est ça !
Laurent Boyer : Hein ! Et qu'est-ce que tu fais ? Tu es étudiant ? Tu travailles ?
Laurent : Oui je suis étudiant, oui.
Laurent Boyer : Tu es étudiant ! En quoi ?
Laurent. : Je suis en prépa (?)
Laurent Boyer : Oh ! Mais dites-moi, c'est beaucoup de travail !
Laurent : Oui !
Laurent Boyer : Oui, oui, oui, oui, oui ! Effectivement ! Et tu suis le Top 50 ? Tu aimes bien Mylène Farmer ?
Laurent : Heu... oui !
Laurent Boyer : (le reprend en se moquant gentiment de lui) Heu... oui, hein !
Laurent : Si, si ! Si, si ! Si, si !
Laurent Boyer : (qui rit) A ton avis... à ton avis, qu'elle est... T'as vu, elle t'a susurré quelque chose, Mylène, d'absolument incroyable, alors à quoi pense-t-elle, quand elle dit "Pourvu qu'elles soient douces" ?
Laurent : Je peux le dire ?
Laurent Boyer : Ah ben tu le dis !
Laurent : Je le dis : ses fesses ! (Rires)
Laurent Boyer : Elle pense à ses fesses ?
Laurent. : A mon avis, oui.
Laurent Boyer : Elle pense à ses fesses ! Tu l'as dit, hein Laurent ?
Laurent : J'assume !


Laurent Boyer : Bon, Mylène ! Mylène, écoute, oui, vas-y !
Mylène Farmer : (amusée) Je donne la réponse maintenant ? (Laurent Boyer rit) Elles sont deux, roses de préférence, et bientôt musclée. (Rires) Il s'agit bien sûr des petites fesses !


Laurent Boyer : (qui rit) Eh bien, voilà, effectivement, c'est les petites fesses de Mylène Farmer ! Pourvu qu'elles soient douces ! Et elles sont douces, hein, tu sais ! C'est de la peau de pêche ! Ça tombe bien, on est sur Europe 1 ! (Ndlr : sur le logo d'Europe 1, à cette époque, nous pouvions voir une pêche)
Laurent : Ah bon ?
Laurent Boyer : (qui rit) Donc tout va bien, tu vois ?
Laurent : Je ne sais pas, moi ! (Rires)
Laurent Boyer : (qui rit) Attends, toi ! Qu'est-ce que ça veut dire : "Non je ne sais pas !" On verra peut-être au spectacle de Mylène, tu sais ! Je ne sais pas, tu sais, on va tout découvrir ! Laurent, je t'offre ta platine laser Philips !
Laurent : Super !
Laurent Boyer : Tu l'as brillamment gagnée, hein !
Laurent : Oui, en pleine période de Noël, c'est super !
Laurent Boyer : En plein... Ben, ça tombe bien, pour les fêtes, tu as raison ! C'est une bonne chose, quand même ! Tu nous suis ? Tu restes avec nous pour le Top 50 !
Laurent : Merci !
Laurent Boyer : Merci d'avoir joué avec nous ! Et puis bosse bien et bonne chance pour tes exams !
Laurent : D'accord ! Oui, merci !
Laurent Boyer : Salut Brest ! Et bravo ! Au revoir !
Laurent : Bye !


Jingle et sans doute pause publicitaire.


Laurent Boyer : Alors Mylène, ce Top des tops musique, quel est-il ? Est-ce que c'est plutôt dans le Top 50 ? Est-ce qu'on va chercher très loin dans les racines musicales ? Qu'est-ce que tu écoutes chez toi ?
Mylène Farmer : Heu... j'écoute de préférence Kate Bush. Je ne sais pas si elle figure dans le Top 50...


Laurent Boyer : De temps en temps...
Mylène Farmer : J'ai un album préféré, c'est Babooshka. (Ndlr : Mylène se trompe. Babooshka n'est pas un album de Kate Bush mais un titre extrait de l'opus Never for Ever, sorti en 1980) Que dire de cette femme ? Que je l'aime beaucoup. C'est une femme qui est aussi très proche du cinéma, qui chante merveilleusement bien, qui a des textes qui sont beaux, intelligents. Sinon, j'aime beaucoup Peter Gabriel...


Laurent Boyer : C'est un peu le même style tout ça, hein ?
Mylène Farmer : ... qui a fait une chanson avec elle, très, très belle aussi. Oui... Sinon j'écoute beaucoup, beaucoup de musique de films. Une musique qui me vient tout de suite à l'esprit, c'est celle de "Mission". (Ndlr : "Mission" est un film de Roland Joffé sorti en 1988, avec Robert de Niro et Jeremy Irons, et dont la musique a été composée par Ennio Morricone) Sinon j'aime bien, en France, Delerue. J'aime bien Goldschmidt, Morricone...


Laurent Boyer : C'est... c'est marrant, parce que tous ce que tu viens de dire, là, Goldschmidt, Delerue et tout ça, souvent c'est plein de lyrisme, c'est-à-dire que c'est des grandes envolées...
Mylène Farmer : Oui...


Laurent Boyer : C'est très conceptuel, et puis ça laisse l'imagination galoper. T'as besoin d'une musique qui te laisse partir comme ça, ou imaginer ?
Mylène Farmer : Ben, je crois que nous avons tous besoin, oui, de... d'un imaginaire, de se le... créer et le développer, oui !


Laurent Boyer : Justement, le film tu y penses, non ?
Mylène Farmer : C'est dans ma mémoire, dans mon esprit, mais ce n'est pas pour l'instant. J'ai un projet, là, qui est bien plus immédiat, c'est le Palais des Sports, une fois de plus. Mais c'est vrai que... je ne peux penser qu'à ça en ce moment.


Laurent Boyer : OK ! On se retrouve tout de suite avec ton Top des tops bouquin ! (Mylène rit)


Pause musicale puis Laurent Boyer reprend le classement du Top 50, mais la bande ayant été coupée, nous ne savons pas de quel titre il est question :


Laurent Boyer : (...) 28 ! Nouvelle entrée ! Mylène Farmer est avec nous... Alors, Mylène ! Mylène, ton Top des tops livre ! Tu es venue ce matin, tu es carrément venue avec une brouette de livres ! Mais lequel choisir dans tous ces livres ? Qu'est-ce que tu prends, Mylène ?
Mylène Farmer : Heu... Il y a un livre que j'ai découvert qui s'appelle L'Apprentissage de la ville, (ndlr : oeuvre publiée en 1942) qui est de Luc Dietrich, que je me permets de conseiller à beaucoup de personnes. Voilà... Ce que j'aurais peut-être aimé faire, c'était lire peut-être la préface ?


Laurent Boyer : Vas-y...
Mylène Farmer : Il y a une préface qui est magnifique, et heu... je vais prendre un petit passage au hasard : "Faire passer ses souvenirs pour une histoire qu'on invente, se décrire tel quel sous un nom d'emprunt, entrer en scène sous un masque n'est pas un mensonge. C'est le plus souvent le seul moyen de tout dire sans offenser la pudeur, ni trahir les secrets qu'il faut respecter. Faire passer des fictions pour ses propres mémoires, se prendre et se faire prendre pour un personnage de son choix, c'est mentir. Pourquoi ? Je vous le demande... pourquoi ?" (Ndlr : nous retrouverons en partie cette citation dans le programme du Tour 89)


Laurent Boyer : Oui... C'est Mylène Farmer, ça !
Mylène Farmer : Je ne sais pas. C'est vrai qu'on se reconnaît quand on aime, de toute façon, quand on aime une oeuvre, c'est qu'on s'y identifie, peut-être oui...


Laurent Boyer : Et heu... tu peux nous parler, justement, de ce bouquin de Luc Derlich (sic) ? Jusqu'où ça va ?
Mylène Farmer : (qui le corrige) De Luc Dietrich ! C'est un bouquin... c'est presque une... c'est presque son histoire ! Ça, il faut le lire entre les lignes, ce n'est pas dit.


Laurent Boyer : Oui...
Mylène Farmer : Mais c'est quelqu'un... Ce serait plus l'apprentissage de la vie dans la ville, et... donc c'est quelqu'un qui va passer de... qui parle de la souffrance, qui parle de mille choses... Enfin, c'est très, très difficile de résumer ce bouquin !


Laurent Boyer : Et tu aimes beaucoup le domaine du non-dit, aussi ?
Mylène Farmer : Oui, j'aime heu... j'aime l'interdit, le non-dit, le silence. Mais j'aime la parole aussi, quelquefois !


Laurent Boyer : Et tu aimes l'image, c'est pour ça qu'on va te retrouver tout de suite avec ton Top des tops cinéma !


Jingle puis pause musicale.


Laurent Boyer : Mylène Farmer reste avec nous jusqu'à 12h30 ! Je vous le rappelle, aujourd'hui c'est l'invitée, avec son Top des tops cinéma ! On la retrouvera d'ailleurs dans un instant...


Nouvelle pause jingle et musicale. Puis Laurent Boyer reprend sur le classement, mais la bande ayant été coupée, nous ne savons pas de quel titre il parle :


Laurent Boyer : (...) Top n°11 ! Mylène Farmer, elle est avec nous, Mylène ! Elle passe sa matinée sur Europe 1. Mylène on a eu le Top des tops musique, le Top des tops livres, une excellente question pour le Coca-Cola Quiz de tout à l'heure... Mais là, bon, on va parler un petit peu de cinéma, enfin du cinéma et encore du cinéma. On pourrait parler indéfiniment de cinéma avec toi, c'est étonnant, mais est-ce que tu as une toile préférée, Mylène ?
Mylène Farmer : Oui, oui ! Du chapeau je ressors très, très vite un film de David Lean, qui est un de mes metteurs en scène préférés, qui s'appelle La fille de Ryan. (Ndlr : film sorti en 1970) C'est ce même auteur qui a fait Lawrence d'Arabie, (ndlr : film sorti en 1962) qui a fait Docteur Jivago, (ndlr : film sorti en 1965) et puis j'en oublie beaucoup...


Laurent Boyer : Oui, c'est du grand spectacle, hein, quand même, "Jivago", Lawrence d'Arabie ?
Mylène Farmer : C'est toujours très, très romantique. C'est heu... c'est grandeur et décadence, c'est... c'est plein de choses ! Et La fille de Ryan, c'est peut-être le rôle que j'aurais voulu interpréter en premier.


Laurent Boyer : Appel du pied peut-être, non ? Qui sait ?
Mylène Farmer : Non, parce que ce monsieur fait son dernier film - je crois d'ailleurs une coproduction française - mais ce sera son tout dernier film... (Ndlr : le dernier projet de David Lean était l'adaptation du roman de Joseph Conrad, Nostromo, qui n'a jamais pu voir le jour puisque le réalisateur est décédé le 16 avril 1991, peu de temps avant que n'en débute le tournage)


Laurent Boyer : Est-ce qu'il y en a un autre, est-ce qu'il y a d'autres genres de films qui te tentent de temps en temps ? Que tu regardes un peu moins...
Mylène Farmer : (qui le coupe) Je vais changer complètement d'univers et parler de Spielberg. C'est quelqu'un qui me touche énormément. Alors je vais parler d'E.T., (ndlr : sorti en 1982) par exemple, Rencontre du troisième type (ndlr : sorti en 1977) qui est un... qui est une merveille. Et puis, je peux encore retomber dans un autre univers qui est celui de Bergman, qui est, là, très, très intimiste. Et puis je vais en oublier plein, comme d'habitude !


Laurent Boyer : C'est marrant, parce que dans tout ça, il y a une sensibilité exacerbée. Que ce soit chez Spielberg, par exemple. C'est plein de sensibilité, en fait, c'est très fort en émotion.
Mylène Farmer : C'est un regard d'enfant... éternellement, oui, retourné vers le passé...


Laurent Boyer : Merci Mylène ! On se retrouve tout de suite avec le Top des tops sport.


Pause musicale puis Laurent Boyer présente à nouveau Mylène Farmer :


Laurent Boyer : (...) elle est avec nous ce matin, avec nous, de 11h à 12h30, il s'agit bien sûr de Mylène Farmer ! Alors Mylène, on va finir avec le Top des tops sport peut-être, du moins, parce que je sais déjà qu'il y a la course à pied. Mais parmi ces trois domaines, le sport, les hobbies ou la peinture, quel est ton top ? Qu'est-ce que tu préfères, en fait ?
Mylène Farmer : J'en ai déjà parlé, mais là je parlerai du sport. Courir, ce n'est pas quelque chose que je fais avec... avec... avec... affection, parce que j'ai plutôt du mal. Mais là, c'est la carotte, comme on dit, qui est au bout, (petit rire) qui est donc cette scène que je vais entreprendre. Sinon, des hobbies, j'en ai, oui ! C'est la lecture, bien évidemment. J'ai eu une petite folie de peinture, ou plutôt de dessin, que j'ai très vite abandonnée, parce que là, il faut... enfin, je me donne trop de maîtrise que je n'ai pas, quoi. Donc j'ai abandonné. Que puis-je dire d'autre ? M'occuper de mes singes... (Petit rire)


Laurent Boyer : Tu as des singes ?
Mylène Farmer : Oui, j'ai deux singes.


Laurent Boyer : Tu passes beaucoup de temps avec eux ?
Mylène Farmer : Oui, beaucoup de temps. Je pense que si j'avais des enfants, je m'en occuperais autant, avec la même... avec le même amour, et...


Laurent Boyer : (qui la coupe) Tu voudrais en avoir, des enfants ? Tu penses en avoir ?
Mylène Farmer : J'ai l'impression que j'ai remplacé les singes par les enfants... (Elle semble réaliser qu'elle a dit l'inverse de ce qu'elle voulait dire) Heu... oui !


Laurent Boyer : (qui la corrige) Les enfants par les singes !
Mylène Farmer : (qui parle en même temps que Laurent Boyer) Les enfants par les singes ! Vous voyez le lapsus ! (Rires)


Laurent Boyer : On est des grands singes vivants, alors !
Mylène Farmer : (qui rit toujours) Oui !


Laurent Boyer : C'est l'orang-outang, d'ailleurs, qui vous correspond parfaitement bien (amusé) Laurent Boyer, vous (?) (Mylène rit) Mais tu es sûre que, quelque part, tu pensais en avoir. Tu aimerais avoir un jardin d'enfants, ou t'occuper d'enfants ?
Mylène Farmer : Un jardin secret, mais pas un jardin d'enfants. Pas pour l'instant.


Laurent Boyer : OK ! Le sport donc, c'est vraiment une contrainte, quoi, ce n'est pas... ?
Mylène Farmer : Non, n'exagérons pas ! Ça peut-être quelque chose de... de très agréable. Mais c'est vrai qu'au début, on se fait un petit peu violence. Et puis nous avons des corps en repos, et ça c'est terrible de le bousculer !


Laurent Boyer : Mais tu vas continuer probablement, quoi ? Tu ne vas pas t'arrêter là ?
Mylène Farmer : Je pense qu'on ne peut pas s'arrêter à partir du moment où on y a pris goût. Après c'est quelque chose dont on a besoin aussi !


Laurent Boyer : Et est-ce que tu as une hygiène de vie ?
Mylène Farmer : Lié à ce... à cet entraînement...


Laurent Boyer : Voilà !
Mylène Farmer : ... j'ai fatalement, effectivement, une alimentation qui est... qui est rigoureuse. Dire que c'est macrobiotique, c'est faux. C'est simplement quelque chose de réfléchi, de sain, entre guillemets. C'est vrai que j'ai arrêté et abandonné totalement le Coca-Cola. Ça a été très difficile ! (Rires) Il faut abandonner les gâteaux, faire quelques concessions, là, que j'accepte !


Laurent Boyer : Pour ce spectacle ! Alors les dates du spectacle, on peut en parler ?
Mylène Farmer : Le démarrage... je ne peux donner que le début... ce sera le 18 mai. Et puis après, nous... on verra ! Mais c'est le 18 mai au Palais des Sports. (Ndlr : il y aura cependant une première date au Palais des Sports de St-Etienne, le 11 mai)


Laurent Boyer : La scène, t'avais vraiment envie, hein ?
Mylène Farmer : Ah oui, j'en ai très, très envie. Et de plus en plus !


Laurent Boyer : Merci, Mylène Farmer, d'avoir passé ce dimanche matin avec nous. Et alors, tu sais que la récompense, c'est justement qu'on va t'écouter là, tout de suite, et que cette semaine tu es quand même numéro un du Top 50. C'est la première fois que ça arrive ? (Ndlr : Laurent Boyer parle ici du titre Pourvu qu'elles soient douces, sorti le 12 septembre 1988 et qui s'est classé numéro un au Top 50 dès le 3 décembre 1988, soit la veille de diffusion de cette interview)
Mylène Farmer : C'est la toute première fois !


Laurent Boyer : Ça fait du bien ?
Mylène Farmer : Ça fait du bien !


Laurent Boyer : Jeanne Mas avait dit la même chose : "C'est la toute, toute première fois" ! (Ndlr : référence au titre de Jeanne Mas, Toute première fois) Merci, Mylène Farmer ! (Mylène rit)


Diffusion de Pourvu qu'elles soient douces.
Un peu plus tard, sur le refrain, nous entendons les paroles enregistrées de Mylène (lorsqu'elle donnait la réponse à la question : "A quoi je pense
quand je susurre à vos oreilles "Pourvu qu'elles soient douces ?") : "Elles sont deux, roses de préférence, et bientôt musclée. (Rires) Il s'agit bien sûr des petites fesses !"
Jingle.
Fin de l'émission et de l'interview.


Source retranscription : Styx Magazine spécial Mylène Farmer / Référentiel des interviews radios (2013 / Editions Sunset Publishing)

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