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Mylène Farmer - C'est dans l'air - Analyses du clip



Mylène Farmer – Coma extatique

     Préparez-vous à ce grand scoop : il paraîtrait que depuis ses débuts dans la chanson, Mylène Farmer apprécie le symbolisme, la philosophie et l’art ambigu. En 2009, là où certains s’adonnent à tergiverser, à l’aide de toute l’objectivité requise pour un sujet aussi percutant, sur le nouveau brushing de Mylène, il semblerait pourtant que son clip C’est dans l’air ait davantage de messages à exprimer.


     Pour son approche personnelle de la spiritualité et d’une certaine anticipation de l’apocalypse, la vidéo de C’est dans l’air, réalisée par Alain Escalle et diffusée depuis peu sur les chaînes télévisées, semble mélanger certains prophéties Mayas, les énergies inversées et les quatre symboles géométriques fondamentaux. Explications.

Mylène Farmer C'est dans l'air Clip Capture
Mylène Farmer - Clip C'est dans l'air réalisé par Alain Escalle - Capture


     Civilisation mexicaine, mystique et mystérieuse disparue inexplicablement au quinzième siècle, les Mayas du Nouvel Empire sont principalement connus pour leur architecture aussi méticuleuse que somptueuse quant à leurs temples et leurs pyramides, ainsi que pour leurs sciences troublantes de l’astronomie et leur système mathématique vigésimal (base de vingt dans la numérotation). Point culminant de leur savoir : leur calendrier (le Tzolkin, almanach sacré, basé sur un cycle de treize fois vingt jours, soit deux cent soixante jours).

     Convaincus de l’influence du cosmos comme activateur de l’esprit humain, les Mayas créèrent des cycles récurrents, dont le nôtre qui aurait commencé en 3114 avant Jésus-Christ (création du monde ou naissance de certaines divinités) pour se terminer en 2012. Cette année 2012 marquerait la fin du cinquième soleil, d’un cycle de cinq mille cent vingt-cinq ans et d’un cycle de treize ans, donnant ainsi lieu à un moment de transition décisif et de transformation importante. Non synonyme de chaos à proprement parler dixit les plus grands spécialistes de l’astrologie Maya, cette fin de cycle correspondrait à une entrée de l’Homme dans une nouvelle ère, une nouvelle dimension demandant une transformation personnelle de chacun d’entre nous. Le cycle de 2012, à priori, ne serait pas le dernier puisque sonnant le glas du cinquième mais impliquant un nouveau à venir en 2013, d’une durée de cinq mille cent vingt-cinq ans, après l’inversion des pôles magnétiques de la planète ; un cycle avant lequel l’Homme devra prendre conscience de la spiritualité, et vaincre les religions.
     S’il ne s’agit ici en aucun cas de porter ou non du crédit à ces théories catastrophiques (très en vogue et, comme par hasard, pendant ce lavage de cerveau insupportable concernant la Crise : admirez la coïncidence), il parait probable que la charmante rousse ait tenté d’établir un parallèle entre son nihilisme assumé (quoique flou) et la fin du dix-septième calendrier des Mayas.

Image du soleil obtenue par l'observatoire Soho en 98

     Points communs avec la vidéo d’Alain Escalle : un aperçu de l’alignement des planètes sur certains plans, la retranscription de la violence des hommes (guerres) avant le véritable chaos (explosion de la Terre), un soleil influent (semblant, paradoxalement, n’éclairer que très peu les entités dans le clip, noyé dans le noir et blanc), un mouvement flou mais effrayant du système solaire. Dans le refrain de la chanson, Mylène Farmer évoque l’emprise dangereuse du nucléaire et la passivité des hommes à entreprendre une prise de position majeure afin de limiter les dégâts (« On s’en fout, on est tout, on finira au fond du trou »). En se basant sur des messagers du temps et des traducteurs des pensées Mayas, l’Homme pourrait préparer le chaos, voire le surmonter, dans la mesure où l’Univers lui fournirait des informations quant à son devenir, et à celui du cosmos. Le procédé de régénération servirait également à se débarrasser des poubelles religieuses.

     La force de l’esprit collective, Mylène ne semble pas y croire, si l’on se réfère aux couplets des paroles de C’est dans l’air (énumération de vanités, puis surtout « Que faire des ruses, que fait le vent ? »). Tout ceci renvoie évidemment au constat de statisme dans la chanson Dégénération (et sa mise en image). « Les fous sont des anges » : des indicateurs ? Des sauveurs ? Qui sont ces fous, ces anges ? Des prophètes ? Dans ce cas de figure, la chanteuse appellerait à écouter les mises en garde (« C’est nécessaire, prendre l’air… », « c’est salutaire, sauf qu’ici loin sont les cieux »)…

Mylène Farmer C'est dans l'air Clip Capture
Mylène Farmer - Clip C'est dans l'air réalisé par Alain Escalle - Capture

     Remarquons enfin la prépondérance du squelette (et plus particulièrement de la boîte crânienne) au sein du film. Selon la légende Maya, il existerait treize artefacts de crânes de cristal (datant de plus de cinq mille ans). Cette même légende indique qu’il faudrait regrouper et aligner les treize crânes ensemble, le 21 décembre 2012, afin d’appeler Gaia (divinité primordiale identifiée à la Terre-Mère) à empêcher le basculement de notre planète. Créés pour des rites divers, ou pour de la magie blanche et noire, les spéculations les plus folles autour de ces sculptures ne permettent toujours pas à l’heure actuelle d’émettre une définition claire sur la signification exacte de ces objets. Cinq à six crânes de cristal retrouvés parmi les douze existants (selon les sources) seraient authentiques ; petite coïncidence avec le nombre de « danseurs » accompagnant Mylène, ne servant pas à grand-chose puisque assistant à l’explosion ? Mylène n’aurait-elle pas pu représenter Gaia dans la divinité perdue de The Farmer Project ?

Crâne de Cristal
Crâne de cristal de F.A.Mitchell-Hedges

     Autre parallèle important : les quatre symboles – géométriques – fondamentaux qui sont le carré, le centre, le cercle et la croix. Description rapide de la chose :
     Réel absolu et premier symbole fondamental, le centre se définit comme foyer d’intensité dynamique, le centre des centres étant Dieu. Dans la civilisation Maya (encore), le centre de la croix des points cardinaux correspond au cinquième soleil, époque à laquelle nous vivons.
     Point étendu et deuxième symbole fondamental, le cercle symbolise l’homogénéité, le temps, voire, chez les babyloniens, le cosmos.
     Troisième des quatre symboles fondamentaux, la croix connecte le cercle et le carré entre eux par l’intersection de ses deux droites coïncidant avec le centre. Symbole de la Terre, de l’union des contraires (terre et ciel), des quatre points cardinaux et de la totalité du cosmos, la croix se distingue également par l’essence qu’en ont faite certaines religions. Anecdote amusante : en Chine, le chiffre de la croix est le cinq ; les danseurs morts aux côtés de Mylène se comptent également au nombre de cinq (six à la fin de la vidéo).

Mylène Farmer C'est dans l'air Clip Capture
Mylène Farmer - Clip C'est dans l'air réalisé par Alain Escalle - Capture


     Enfin, le carré représente la Terre, l’opposition au ciel et au créateur. Le cercle exprime les quatre phases du mouvement cyclique, alors que la Terre mesurée par ses quatre horizons est carrée. La croix jumelée au carré indique l’expression dynamique du quaternaire (ce qui n’est pas suggéré dans la vidéo). Si la définition du cube pourrait se révéler plus complexe, elle définirait en revanche d’autant plus la logique des images de C’est dans l’air, puisque symbolisant l’arrêt du développement cyclique car déterminant l’Espace en ses trois dimensions.
     Dans C’est dans l’air, le carré, le cercle et la croix gravitent au centre.
     Pas nécessairement facile de s’y retrouver à premier abord, mais au bout du compte, le message est plutôt simple.

     En usant d’autodérision et de nihilisme, Mylène se moque ouvertement des dérives sectaires de l’interprétation des religions – et prophéties – ou de l’évolution néfaste des hommes, se permettant carrément de leur ricaner au nez (« L’infamie, c’est laid aussi »). La chanteuse est déjà morte, se transformant en cadavre (ou crâne de cristal, c’est selon) le temps de quelques plans et dansant sur une planète éteinte avec de vieux restes, des squelettes, sans identité : une petite fête organisée sur les décombres servant de socle éphémère.

Mylène Farmer C'est dans l'air Clip
Mylène Farmer - Clip C'est dans l'air réalisé par Alain Escalle - Capture

     Pas aussi moralisateur qu’il ne le prétendrait en apparence, le texte de C’est dans l’air expose une réflexion personnelle sur une évolution vaine puisque parée à aucune donne salvatrice de l’Homme. C’est laid ? Tout à fait, autant s’en amuser puisque aucun discours ou monologue narcissique n’y changeront quelque chose.

     Ce texte et son vidéo-clip se perçoivent alors de plusieurs façons possibles. Mylène pourrait évoquer un espoir d’évolution positive, puisque utilisant l’humour et l’autodérision (les squelettes, le rire) et surtout, souriant sur les dernières images, avant le désastre. L’on pourrait accoler à ce (joli) sourire une non croyance aux prophéties apocalyptiques, une marque de je-m’en-foutisme très narquois ou un signe de libération ; les images d’archives correspondraient alors à une vision de perpétuation. Les évènements se reproduisent toujours, sans que chacun n’en prenne note et conscience.

     Dans une suite logique au pessimisme, Mylène quittait la Terre à la fin du Farmer Project, pour finalement la retrouver dans C’est dans l’air, en plein ordre de chaos. Difficile de croire au hasard sur l’œuvre de Mylène Farmer, puisque avec C’est dans l’air, tout un concept se développe autour de Point de suture : l’appel au rassemblement des troupes et de l’esprit (Dégénération, « je suis coma là mais faut qu’ça bouge », Réveiller le monde), l’idée du chaos (C’est dans l’air) ou d’échappatoire (Paradis inanimé), l’affiche de la tournée montrant une Mylène déchue, telle une météorite (très en vogue cette obsession pour les météorites cette année dans le milieu du spectacle) et, en dernier lieu, ce terme de rupture évoqué dans le titre de l’album, en lien avec cette poupée morte de la pochette, écartelée, à laquelle il ne reste probablement que l’esprit.


Mylène Farmer Clip C'est dans l'air
Mylène Farmer - Clip C'est dans l'air réalisé par Aalin Escalle - Capture


     Petit aparté en conclusion : il devient difficile de ne pas s’étonner quant aux prétendus plagiats d’Alain Escalle, artiste de talent s’il en est, sur le clip du groupe indus Laibach Tanz mit Laibach et celui, d’autant plus banal, d’Indochine avec le récent Little Dolls. Quelques petites précisions à se mettre en tête :

     Laibach a, depuis ses débuts et tel Rammstein quelques années après, toujours misé sur une image provocatrice ; de ce fait, un éventuel clin d’œil à ce groupe à travers C’est dans l’air ne paraîtrait pas fortuit. Rappelons aussi que, en dehors du fait indéniable que cette vidéo ne soit ni d’une grande qualité ni d’une subtilité épatante (quelles belles chaussures !), Tanz mit Laibach ne semble pas spécialement éloignée de ce qu’avait proposé Madonna à travers sa deuxième version d’American Life, quelques mois plus tôt.

     Indochine, et malgré le talent que l’on accorde ou non à sa musique, n’a strictement rien inventé à travers son clip Little Dolls. Petit rappel de bon aloi : Mylène Farmer et Laurent Boutonnat utilisaient régulièrement ce genre d’effets dans leurs vidéos tournées dans les années 80. Ainsi, était incorporée une photo de Freud dans le clip Maman a tort, voire des images d’archives dans celui de Tristana (d’ailleurs sorti quelques mois avant Les Tzars d’Indo).


     Mylène Farmer et Laurent Boutonnat ont toujours évoqué des références. Cela constitue l’œuvre, puisque dresser des influences est propre à tous les artistes dotés d’un minimum de sens et de culture (pour les autres, on retrouve sans peine la génération Liane Foly), car comme le soulignait l’auteur expérimental Chloé Delaume, tout art n’ayant comme unique but celui de divertir se révèle telle une propagande du vide, une lobotomisation ou une éponge vaseuse. Il s’agit de ramollir le cerveau humain. Car l’art sert aussi à cultiver, à apprendre, à approfondir certains sujets en renvoyant à des sources diverses (procédé appelé argumentation). Cette richesse culturelle a toujours différencié Mylène de la majorité, dans une œuvre parfois difficile à cerner mais souvent fascinante, ambiguë, unique. C’est aussi pourquoi, en dehors d’une évolution musicale pas toujours présente, elle nous passionne, et pourquoi nous l’aimons.
      En 1999, Mylène regrettait lors d’une interview que l’on titre sur elle : « Mylène Farmer, les jambes les plus belles de la chanson française. » Peut-être doit-elle bien rire en constatant qu’aujourd’hui, certains ne trouvent rien de plus constructif que de débattre sur sa coupe de cheveux, même si toutes les hypothèses et explications de textes ne relèvent que de la pure subjectivité. L’artiste a évolué, le public aussi. Ainsi soit-il.

Arno Mothra





C'est dans l'air: un hymne dyonisiaque

« Un titre calibré pour faire danser les morts », avais-je écrit à propos de C’est dans l’air, au moment de la sortie de l’album Point de suture, en août dernier. Une formule que Mylène semble avoir prise au pied de la lettre.

Dans le clip de son nouveau single, elle a choisi d’être la maîtresse de cérémonie d’une danse macabre, où se déhanchent des squelettes amis, tandis que défilent des images d’apocalypse – maisons soufflées sous l’effet de la bombe atomique. Une vidéo qui a suscité une vive polémique sur la Toile. Une fois de plus, la rousse s’est vu accuser de nourrir des obsessions morbides ou, pire encore, de choquer par simple goût de la provocation.

Pourtant, avec C’est dans l’air, elle ne fait que délivrer une vérité universelle : celle de la puissance destructrice présente au cœur même de la matière. N’est-ce pas au sein de l’atome que se produit la fission à l’origine de l’arme nucléaire ? Puissance libératrice aussi, qui soulève les révolutions, pousse les hommes à se libérer de ce qui les entrave, ce pas cadencé des soldats qui signe leur aliénation. Et c’est bien là le paradoxe subtil que Mylène met au jour : ce qui peut nous détruire est aussi ce qui peut nous aider à nous construire. La Terre, dont nous sommes responsables, nous avons le pouvoir de la faire exploser, mais aussi de la sauver.

En redécouvrant l’énergie première contenue en germe dans la matière, la chanteuse nous invite à créer notre vie avant que la faucheuse ne nous emporte - car nous sommes tous des morts en puissance. Un hymne dionysiaque, en somme, au sens défini par Nietzsche, qui nous exhorte à transformer notre fatalité en destin. « Et moi je chante / Moi je m’invente une vie », fredonne Mylène. A nous d’en faire autant.

On le voit bien, cette chanson n’abrite aucune pulsion suicidaire, mais au contraire une invitation à jouir des palsirs de la vie : « S’enivrer », « coïter ». De ce point de vue, le titre résume parfaitement la philosophie de l’album, résolument tourné vers le mouvement et le désir. Depuis les concerts de Bercy en janvier 2006, et la découverte du « Conte du monde flottant » d’Alain Escalle, les fans rêvaient d’une collaboration entre Mylène et ce réalisateur inspiré. C’est désormais chose faite. Ses squelettes argentés, ses noyaux chargés d’électricité et ses sublimes champignons nucléaires écrivent un nouveau chapitre passionnant dans la clipographie farmerienne.

Hugues Royer ( le 30/04/2009 pour lepost.fr )





Mylène Farmer: C'est dans l'air - nouvelle expérience visuelle

Mylène Farmer nous annonçait une rupture esthétique pour son dernier album Point de Suture. C’est chose faite avec le clip de C’est dans l’Air, qui prolonge The Farmer Project d’une nouvelle expérience visuelle tout en reprenant les thèmes chers à l’artiste.

“Vanité, c’est laid” prononce la rousse provocatrice avec ironie alors qu’elle confond sa danse à celle des squelettes. On pense immédiatement à ces “vanités”, tableaux représentant des crânes surmontés d’une bougie, renvoyant notre beauté à la figure de la mort, que nous revêtirons tous.
Le parallèle est plus poussé si nous pensons à La belle Rosine d’Antoine Wiertz, tableau représentant deux jeunes filles : l’une en chair, l’autre en os, se scrutant avec un regard mêlant l’interrogation et le sourire. L’érotisme de l’une se mêle à la mort de l’autre, dans une même position. Dans le clip de C’est dans l’Air, Mylène Farmer revêt à la fois l’image de la beauté et celle de la mort, confondant son visage par des fondus enchaînés à celui d’un squelette. L’apothéose est atteinte à la fin du clip, lorsque sa chevelure légère et bouffante se confond aux volutes d’un champignon nucléaire. Mylène Farmer, beauté atomique ?

Il nous faut ici reprendre le fil de la chanson, qui se mêle à celui du clip et qui pose l’Homme face à la fatalité de la mort. Tout comme le célèbre “Vanité des vanités, tout est vanité” de la Bible. C’est dans l’Air pose la vie terrestre comme vide et inutile.
Mais là où la maxime présente les plaisirs terrestres comme dérisoires et donne une alternative à la vacuité en la vie céleste, C’est dans l’Air pose le contraire : puisque la vie est vide et “qu’ici loin sont les cieux”, c’est un champ libre donné au plaisir et à la création. Le clip exalte donc la beauté et les plaisirs face à la mort, tout en sachant que l’un et l’autre se télescoperont tôt ou tard, et que tout ce que l’Homme a bâti de sa vie sera soufflé par l’air de la mort. Qu’importe ! “Et moi je chante / Moi je m’invente / Une vie”, déclame l’artiste. Cette perspective de la mort est prise avec ironie et le clip réalise une danse macabre du XXIe siècle. Squelettes animés à l’appui, la vidéo reprend ce thème médiéval en y distillant son côté ironique, fatal et rythmé - l’image de la mort devenant une musique qui se scande et se danse, emportant ironiquement ses victimes.
Si au Moyen-Âge ces œuvres picturales étaient guidées par la peur de la peste noire, on peut dire, peut-être naïvement, que le clip de C’est dans l’air est entrainé par la peur du nucléaire.

À la fois effrayantes et subjugantes, les images de C’est dans l’air cultivent une esthétique initiée par l’Art Romantique, qui confond les frontières du beau et du laid. Mylène Farmer incarnant avec provocation à la fois la beauté et la mort, le clip mêle donc des images très morbides (quoi de plus morbide et effrayant que la vie soufflée par une explosion nucléaire ?) à une mise en scène soignée, qui épouse le rythme de la chanson en scindant les images avec une esthétique très graphique.
Il faut ici revenir à la carrière passée de l’artiste, qui a souvent choquée en exprimant la “beauté qui se trouve dans la violence et l’horreur” comme elle le confie à Amélie Nothomb lors de leur rencontre en 1995 pour le magazine Vogue. L’esthétique générale se veut donc tout à la fois cassante et visuellement envoûtante.

Où se trouve donc la rupture, puisque Mylène Farmer revient à son imaginaire morbide ? Elle réside dans la forme : si auparavant ses clips transfiguraient le morbide dans un univers coupé du nôtre (historiquement ou visuellement), il est montré aujourd’hui dans un monde qui en revêt les attributs. Ceci en reprenant des thématiques et des éléments d’actualité : le nucléaire, les ambiances underground.
On a affaire à des clips qui abordent plus frontalement la réalité bien qu’ils gardent un côté intemporel : les images contemporaines servent le sens et non l’inverse.


Eymeric Manzinalli (le 06/05/2009 pour discordance.fr)


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