Isabelle
Quenin : Bonjour et bonne
matinée à tous. 10 heures et demi -11 heures et
demi sur France
Inter. Isabelle Quenin et Secrets de Stars, la seule
émission qui
consomme une star tous les samedis matin au petit déjeuner.
Ma star
de ce matin est à l'affiche de
Télé Poche depuis lundi. C'est
une star que l'on n'entend pas souvent
côté radios ou
télévisions. En tous les cas, pas depuis un an.
Elle vit dans un
univers fascinant, mélange de
« candeur et de
perversion » dixit France Soir. Le Figaro voit en
elle « une
graine de Lucifer ». « C'est une
chanteuse à panache
hystérique » affirme L'Huma. Quant aux
journalistes de Libé,
ils voient en elle « la seule chanteuse
française qui a réussi
à ‘sadomiser' le Top
50 ». Mylène Farmer, bonjour.
Mylène
Farmer : Bonjour.
Isabelle
Quenin : C'est quand
même tout un programme... Le moins que l'on puisse dire,
c'est que
vous inspirez complètement ces messieurs journalistes.
Mylène
Farmer : C'est en tout cas le principal.
Isabelle Quenin
: Ça vous fait
rire tous ces titres ? Mylène Farmer : C'est un petit peu
outrancier quelquefois.
Isabelle Quenin
: C'est pas tout
à fait vous... c'est même pas du tout
vous ? Mylène
Farmer : Si. Il y a des parcelles de moi, certainement. Mais quand
c'est projeté à l'avant scène, c'est
toujours décuplé et,
quelquefois, déformé.
Isabelle Quenin
: En tous les
cas, on vient de voir là ce que pense de vous la presse, qui
sont
(sic) toujours avide de bons mots. Tout de suite, on va
plutôt
écouter ce que pense de vous votre public, grâce
à une enquête
réalisée dans la rue, parmi vous, par
Françoise Thévenet-Colson.
Françoise
Thévenet-Colson :
Quelle est sa véritable couleur de cheveux ?
Rousse.
Oui moi
je crois rousse.
Elle est rousse, je sais, mais sa véritable
couleur, je ne sais pas.
Elle est blonde.
Rouge.
Brune.
Roux.
Châtain clair.
Françoise Thévenet-Colson :
Côté
caractère, vous la voyez comment ?
Obsédée.
Sincère.
Quelque
part, un peu fabriquée quand même.
Ingénue, espiègle.
Bourrée
de talent.
Pas perverse quand même, mais bien dans sa peau. Non,
non bien dans sa peau.
Sincère.
Gentille et cool.
Elle est
très cool.
Douce.
Perverse.
Du talent.
Très humaine.
Françoise Thévenet-Colson : Dans
quel film pourrait-elle jouer ? Les hauts du Hurlevent.
Déjà
qu'elle a pas l'air très douée pour la musique,
le cinéma j'en ai
aucune idée.
Elle serait pas mal dans un film... un peu perverse
quand même ! Ma sorcière bien aimée. Autant en
emporte le vent.
Moi, je la vois dans tous les films. Elle est
vraiment super. Ma sorcière bien aimée. Les quatre
cents coups. A bout de souffle.
Françoise Thévenet-Colson : Vous
trouvez que c'est une star ?
Non, elle refuse.
Une star ? Ben,
quelqu'un de connu, ouais.
Une star, mais toute faite.
Non.
Parce que pour moi les stars, pour l'instant ça n'existe
plus. Je
veux dire, les stars, pour moi, c'était Ava Gardner, c'est
toute une
époque et ce n'est pas du tout représentatif de
notre
époque.
Non.
Pour moi non plus, mais c'est quelqu'un de très
important quand même.
Françoise Thévenet-Colso: Si
c'était un animal, ce serait quoi ?
Un chat.
Un renard.
Un
rapace.
Je dirais plutôt une machine. Ce serait plutôt une
machine à sexe.
Un écureuil.
Une renarde.
Moi, je dirais
un oiseau.
Une féline.
Un tigre.
Une lionne.
Un
chat.
Une belette.
Françoise Thévenet-Colson : Dans
votre entourage, ce serait : votre petite soeur, votre petite amie,
votre meilleure copine ou la fille que vous aimeriez avoir ?
Ma
meilleure copine.
Une bonne copine.
Une copine, tout
simplement.
Une grande soeur.
Ma meilleure copine.
Ma
meilleure copine.
Ma tante.
Isabelle Quenin : Alors Mylène
Farmer, là, on peut dire cherchez l'erreur ! A part celui
qui voit
en vous sa tante, les autres voient en vous leur meilleure copine.
Ça
vous étonne comme réaction ?
Mylène Farmer : Un petit peu,
parce que j'ai eu moi beaucoup de mal à trouver une
très, très
bonne amie. Cela dit, ça touche toujours, ce genre de propos.
Isabelle Quenin : Pourquoi vous
avez eu du mal à trouver une très bonne amie ?
Vous devez avoir
plein de monde autour de vous ?
Mylène Farmer : Oui. Ce
qui ne fait pas forcément la qualité. Moi, j'ai
trouvé, en tout
cas, mon univers proche et parfait et, celui que j'ai toujours
désiré. Mais il est finalement entouré
de très peu de personnes.
Isabelle Quenin : Vous vous
sentez seule ?
Mylène Farmer : Parfois. Mais je crois que
c'est le lot de tout un chacun.
Isaballe Quenin : Vous avez peur
d'être rejetée ou mal perçue ou...
Mylène
Farmer : (soupir) Mal perçue,
j'ai eu peur un peu au début, quand j'ai commencé
ce métier.
Aujourd'hui, non. Je ne qualifierais pas ça
d'indifférence, mais ça
m'est presque égal aujourd'hui. C'est à dire que
j'ai entendu un
mot qui revenait souvent qui est la sincérité, je
crois que s'il y
a une chose que je peux mettre en tout cas en avant par rapport
à
moi, c'est cette forme de sincérité. Donc, qu'il
y ait machinerie
autour, ça, chacun pense ce qu'il veut, ce n'est pas
important.
Isabelle Quenin : C'est le plus
important pour vous ?
Mylène Farmer : La sincérité ?
Isabelle Quenin : Si vous aviez un trait de
caractère, si je vous demandais quelle est votre
qualité
principale, c'est la sincérité que vous me diriez
?
Mylène
Farmer : Non, sans parler de sincérité : de la
droiture. Ça, oui,
j'en suis convaincue.
Isabelle Quenin : C'est
difficile ?
Mylène Farmer : Non. Pour moi, non. Pour beaucoup
de gens, ça à l'air difficile, oui. Pour ce
métier, c'est... Il
faudrait y joindre le mot éthique, aussi. Parce que je pense
avoir
une éthique de vie et dans mon métier... oui,
certainement. Et ça,
c'est quelque chose que les gens n'aiment pas beaucoup.
Isabelle Quenin
: Cette éthique,
vous vous l'êtes forgée, vous vous
l'êtes fabriquée vous même
depuis longtemps. C'est quelque chose que vous ont donné vos
parents, une ligne que vous respectez ou alors c'est quelque chose
qui est venu petit à petit, en évoluant dans ce
milieu ?
Mylène
Farmer : Je crois que c'est moi qui l'ai trouvée toute
seule. Toute
seule. Et puis, c'est vrai que chaque jour qui passe fait que vous
avez des éléments en plus pour
réfléchir et puis, pour ordonner
et réagir. Maintenant, oui, c'est une construction.
Isabelle Quenin : Et c'est un
garde-fou pour vous ?
Mylène Farmer : Oui, probablement. Oui,
oui... C'est quelque chose d'essentiel pour moi. Si je
dérive un
jour et si je m'écarte de ce chemin là, je sais
que j'aurai décidé
de me perdre complètement.
Isabelle Quenin : On va rester,
si vous le voulez bien, dans le caractère, avec des
réponses.
Alors, on a eu : obsédée, perverse,
sincère, fabriquée, ingénue,
espiègle...
Mylène Farmer : Je suis tout ça,
certainement...
Isabelle Quenin : Gentille,
cool, très cool, même et humaine. Si vous aviez
à nous faire votre
portrait ?
Mylène Farmer : C'est exactement la chose que j'ai
du mal à faire, et peut être que je n'aime pas
faire du tout. Parler de soi, c'est une chose, c'est vrai, pourquoi
j'ai choisi
l'écriture ; c'est pour parler de moi,
certainement. Mais, ma
foi, dévoiler ces choses intimes, c'est quelque chose d'un
peu
difficile pour moi. Si j'ai quelque chose à extraire en tout
cas de
tout ça, je...
Isabelle Quenin : Ça serait
quoi ?
Mylène Farmer : J'avoue que je n'en sais rien.
Isabelle Quenin : Alors,
parler de soi, c'est difficile, mais quand les autres parlent de
vous, quelle est votre réaction ? Quand vous lisez, parce
que ce que
j'ai lu tout à l'heure, tous ces intitulés,
c'était des titres
d'interviews, enfin des titres de papiers vous concernant, quelle est
votre réaction quand vous voyez, quand vous lisez la presse
qui vous
concerne ?
Mylène Farmer : Elle n'est malheureusement pas...
elle n'est jamais indifférente. Je dis quelquefois
« malheureusement » parce que
c'est vrai que quelquefois
ça peut faire du mal. Maintenant, j'ai quand même
un recul
suffisant pour ne pas être trop
égratignée par ça. Mais, moi,
j'ai en tout cas ce paradoxe, c'est de lire spécialement les
papiers
qui font mal. On les relit et on les relit et on les relit et on se
demande s'il y a une vérité quelconque.
Mais il y a des papiers
qui sont tellement méchants que ça en devient
drôle, aussi.
Isabelle Quenin : Si on
parlait des stars... C'était amusant, parce qu'il n'y en a
pas
beaucoup qui vous trouvent star. Pas encore. Elle est star quelque
part. Mais c'est pas...
Mylène Farmer : J'aurais la même
difficulté que ces personnes de donner cette
définition d'une star.
Moi, je dirais que c'est un état. Maintenant, que les gens
ne le
perçoivent pas, je ne pense pas que ce soit un
problème non plus.
J'avoue que ce n'est pas mon souci premier non plus. Ce que je veux,
c'est réussir ce que je fais et puis avancer et, j'allais
dire
'grimper', oui, et m'élever au maximum dans ce
métier et dans des
métiers que je découvrirai peut être.
Isabelle Quenin : Parlons
mystère et parlons cinéma. Dans quel film auriez
vous aimé jouer ?
Alors, dans tous ceux qu'on vous a prêté il y
avait : Les
hauts du Hurlevent, Ma sorcière bien aimée,
Autant en emporte le
vent, Les quatre cents coups et A
bout de
souffle, je crois.
Mylène Farmer : Celui qui est
le plus dans ma mémoire, ce serait Autant en
emporte le vent.
Mais, il faudrait que je donne un autre film, un film que je cite
souvent : ce serait La fille de Ryan.
Là, c'est UN rôle.
Quelquefois, on a des bribes, comme ça, qu'on voudrait d'un
rôle.
Là, c'est le rôle dans son
intégralité, c'est celui-ci. Peut-être
A bout de souffle, oui.
Isabelle Quenin : Jean Seberg ou
Scarlett O'Hara…
Mylène Farmer : Voilà.
Isabelle Quenin : C'est pas
mal comme choix...
Mylène Farmer : Quelle prétention !
Isabelle Quenin : Alors, le
portrait chinois avec un animal. Là, c'est amusant parce
qu'il y a
vraiment tout eu : chat, renard, rapace… Alors, il y en a
même un,
animal : machine à sexe... Ça, c'est quand
même surprenant. Il y
avait un écureuil, et quand je vous vois ce matin, c'est
vrai que
vous avez un côté très
écureuil... il n'y a pas que pour les
cheveux d'ailleurs. Il y avait féline. Il y avait lionne. Je
trouvais ça très mignon, le chat et la belette,
il manquait plus
que les petits lapins. Mais c'est vrai que, la aussi, on a du mal
à
vous caser. C'est drôle parce que ça à
quand même un côté
peluche. Ce sont des animaux soyeux.
Mylène Farmer : Oui.
J'aime les peluches en tout cas.
Isabelle Quenin : Quel animal
auriez vous choisi, vous ?
Mylène Farmer : Volontiers de la
famille des souris. J'accepte l'écureuil, c'est charmant.
Isabelle Quenin: Entre
l'écureuil et la belette...
Mylène Farmer : Mais oui, il
faut quand même une parcelle de belette, parce que je ne suis
pas
tout le temps douce...
Isabelle Quenin : Vous avez
l'air toute douce comme ça, mais, en fait vous
n'êtes pas forcément
quelqu'un de gentil ?
Mylène Farmer : Il faut toujours dire :
« Méfiez-vous du loup qui
dort » (sic)
Isabelle Quenin : Tout à
l'heure, Carleen Binet, qui est déjà en
train de prendre des
notes à mes côtés, nous en dira un peu
plus sur la ‘gentillesse'
de Mylène Farmer. On va écouter tout de suite un
disque que vous
avez choisi : Jacques Dutronc avec « Il est cinq heures,
Paris
s'éveille ».
Diffusion de la chanson de Jacques
Dutronc, Il est cinq heures, Paris s'éveille ».
Isabelle Quenin : « Il est cinq
heures, Paris s'éveille ».
C'était Jacques Dutronc. On retrouve
tout de suite Mylène Farmer. Jacques Dutronc, c'est
quelqu'un que
vous écoutiez quand vous étiez petite ?
Mylène Farmer :
Oui, absolument, et que j'écoute toujours. Et je regrette en
tout
cas qu'on ne le voit pas plus.
Isabelle Quenin : Il a une
certaine conception du métier, lui, qui est beaucoup plus,
je dirais
plus cool, tranquille que la vôtre...
Mylène Farmer : Dans
la forme. Peut-être pas dans le fond. Ça je n'en
suis pas sûre.
On ne sait pas comment il vit aujourd'hui, ce qu'il pense et ce qu'il
ressent. J'avoue, je ne peux pas répondre pour lui. Je ne
suis pas
sûre qu'il vive très simplement ses jours.
Isabelle Quenin : Comment
vous étiez, lorsque vous étiez petite. Il y avait
déjà la grande
frange qui vous cachait un peu ?
Mylène Farmer : Oh oui,
c'était beaucoup plus long. Ça arrivait au dessus
du nez. Comment
j'étais ? Toujours ce paradoxe : introvertie ,
extravertie.
Enfin, j'étais toujours partagée entre ces deux
sentiments.
Relativement solitaire, je pense. Et puis très,
très attirée par
les animaux.
Isabelle Quenin : Vous étiez
fille unique ?
Mylène Farmer : Non, non. J'ai une famille
relativement nombreuse. Des frères et sœurs.
Isabelle Quenin : Vous savez
que c'est difficile de vous interviewer, parce qu'il faut aller
vraiment tirer au plus... Est-ce qu'il y avait un paradoxe entre
Mylène Farmer à la maison et Mylène
Farmer à l'école ? Est-ce
que introvertie - extravertie, ça se jouait sur ces deux
tableaux là
?
Mylène Farmer : Ça pourrait, oui, ça
pourrait se définir
par ça. C'est vrai que j'étais un peu plus
turbulente à l'école
qu'à la maison. Un besoin, oui, certainement, d'exister
très fort à
l'école, et c'était pour moi une torture que
d'aller à l'école.
Mais j'avais ce paradoxe d'arriver une heure avant, parce que j'avais
peur d'arriver en retard, et une fois que j'étais assise sur
le
banc, c'était...c'est du masochisme.
Isabelle Quenin : Est-ce que
vous saviez déjà, à ce moment
là, ce que vous vouliez faire plus
tard ?
Mylène Farmer : Persuadée que je ferais un
métier
artistique, oui. Maintenant, ça se situait...
j'étais quand même
attirée par l'équitation. C'est aussi une forme
artistique, mais
qui était un peu différente...
peut-être plus projetée vers les
autres. Sinon, c'était plus le théâtre,
le cinéma qui
m'attiraient beaucoup. La chanson me paraissait beaucoup plus
difficile d'accès. Et puis, j'ai commencé par
ça.
Isabelle Quenin : Où
avez-vous passé toute votre enfance ?
Mylène Farmer : J'ai
vécu assez longtemps à Montréal, au
Canada. Et ensuite, je suis
arrivée dans la banlieue parisienne. Vers Versailles, pour
situer un
petit peu.
Isabelle Quenin : Et le Canada,
ça vous manque ?
Mylène Farmer : Du tout, non. La neige me
manque parfois. Mais, pas du tout, non.
Isabelle Quenin : Et votre mode
de vie au Canada non plus ne vous manque pas ?
Mylène Farmer
: Non. C'était radicalement différent.
Mais quand on est petit,
on ne se rend pas vraiment compte de ces choses là. Si ce
n'est...
je me rends compte du passage en fait du Canada à la France
qui, là,
était assez choquant parce que c'est vrai que le mode de vie
est
radicalement différent. Les gens ne ressentent pas tout
à fait les
choses de la même façon. Ils sont
peut-être un petit peu moins
énervés là-bas qu'ici. Mais je crois
que je fais partie des
énervés, donc je suis mieux ici.
Isabelle Quenin : Comment
ont réagi vos parents quand vous leurs avez dit :
« Je
veux faire chanteuse » ou, enfin,
« Je veux faire dans le
spectacle » ? Est-ce qu'il y avait
déjà des antécédents
dans la famille ?
Mylène Farmer : Non, non, du tout. Non. Je
ne l'ai jamais dit, réellement.
Isabelle
Quenin : Vous l'avez
fait ?
Mylène
Farmer : J'ai dit que je
souhaitais quitter l'école en tout cas. Et puis
après, c'était une
prise en charge. Donc, non, il n'y a pas eu réellement de
dialogue.
Isabelle Quenin : En fait, vous
n'avez pas envie de vous rappeler qu'il y a d'autres personnes qui
ont participé à votre conception et à
votre construction. C'est
vous qui vous construisez toute seule maintenant ?
Mylène
Farmer : Non, ce n'est pas vrai. Il y a eu des rencontres qui ont
été
indispensables dans ma vie. Mais, c'est réellement ma vie
d'aujourd'hui. C'est sept années qui sont
passées. J'ai rencontré
Bertrand Le Page qui est à côté de moi
et puis, Laurent Boutonnat,
qui est le compositeur. Et ma foi, voilà,
c'étaient les rencontres
que je désirais, en tout cas, dans ma vie.
(…)
Françoise Thévenet-Colson : A
votre avis, chez elle, comment c'est ?
Très grand et très
clair.
Folklorique.
Je la verrais bien à la campagne, pourquoi
pas.
Moi aussi, parce que j'ai remarqué que dans ses clips, elle
avait un peu tendance à mettre en valeur un peu ce qui est
ancien.
Sobre, neutre, dans les tons, moi, je dirais noir et
blanc.
Western, style western, moi je vois ça comme ça.
Moi,
je dis c'est grand et tout blanc.
Un peu comme elle est sur elle, : assez spéciale,
excentrique.
Loft.
Original, comme elle est
sur scène. Je la vois plus à la campagne.
A la campagne, ouias.
Chaud, chaud comme intérieur.
Moderne, un appartement
moderne.
Sans beaucoup de meubles et assez original.
Moi, je
vois plein de tissus, plein de sofas, plein de couleurs
orangées,
très chaudes.
Mélange de style, à mon avis.
Isabelle Quenin
: Le verdict de Mylène ? Où
vivez-vous ? Ça, ça vous amuse
beaucoup ? Le côté western,
ça, ça vous a plu ?
Mylène Farmer : Oui. (rires) Ce n'est
pas moi du tout ! C'est plutôt très sobre. Une
personne avait
répondu « très
sobre ». C'est actuellement rouge et
noir. Et ce n'est pas encore quelque chose de très important
pour
moi que d'avoir une maison.
Isabelle Quenin : C'est vous qui avez quand
même choisi votre appartement ou votre maison ? Vous vivez...
Mylène
Farmer : Non, non. C'est un appartement. Je n'ai rien choisi du tout.
Je suis rentrée dedans et il était comme tel et
j'ai voulu garder
ça comme ça.
Isabelle Quenin : Il était tout meublé ?
Mylène
Farmer : Non, pas meublé mais il était en tout
cas… des
grandes... comment on appelle ça ?
Isabelle Quenin : Des grandes
tentures ?
Mylène Farmer : Des grandes tentures rouges avec
des moulures et une très, très grande
cheminée. Non, je n'ai pas
souhaité en tout cas le changer.
Isabelle Quenin : Vous êtes
quelqu'un de casanier, non ?
Mylène Farmer : Oui, relativement.
Oui, je...
Isabelle Quenin : Mais
alors, c'est drôle. Là aussi, il y a paradoxe,
pour prendre un
terme que vous utilisez souvent...
Mylène Farmer : Certainement,
oui.
Isabelle Quenin : Vous êtes
quelqu'un de casanier, mais pourtant ce n'est pas vous qui avez
décoré, enfin aménagé,
votre appartement. Généralement, quand
on est casanier, c'est qu'on retrouve chez soi des choses qu'on y a
mises, un cocon.
Mylène Farmer : Je le souhaiterai un jour, mais
pas aujourd'hui. Là, j'y vais parce qu'il faut y aller, et
pour
dormir et pour vivre quand même sa vie, c'est vrai. Mais ce
n'est
pas quelque chose de fondamental pour moi. Si j'avais
réellement à
choisir, ce serait une chambre d'hôtel. Mon rêve
serait d'acheter
une chambre d'hôtel, et il y a quelques hôtels dans
Paris qui sont
magnifiques.
Isabelle Quenin : Qu'est-ce
qui vous plaît ? Le fait que, premièrement vous
êtes servie, donc
il n'y a pas à faire cuire le petit déjeuner, ce
qui est quand même
pas mal... (rires)
Mylène Farmer : Ça fait partie des choix,
oui. Parce qu'il y a probablement ce manque de racine.
Peut-être que
je fuis ça, je n'en sais rien. Mais il y a quelque chose
d'intemporel dans les hôtels qui est agréable,
quelque chose
probablement de romantique.
Isabelle Quenin : Ah, c'est
très romantique !
Mylène Farmer : Et puis d'échapper
peut-être
à une réalité, aussi.
Isabelle Quenin : Est-ce
que vous aimez quand même un style en décoration ?
Mylène
Farmer : Oui, bien sûr.
Isabelle Quenin : Si vous
aviez un mobilier à choisir, on le mettrait à
quelle époque
?
Mylène Farmer : Si j'avais réellement
à choisir, j'aime bien
les années 30. J'aime beaucoup. Mais, je crois que je
changerais
très facilement aussi…
Isabelle Quenin : Est-ce que
vous allez emmener quelque chose avec vous dans votre loge à
Bercy ?
Est-ce que vous avez un fétiche, un grigri ?
Mylène Farmer :
Quand j'ai fait le Palais des Sports, justement, Bertrand avait
préparé cette loge. Elle était
magnifique, elle faisait penser un
peu à un décor de David Lean. J'avais des photos
de ce monsieur,
puisque j'aime réellement et ce monsieur, et ce film.
J'avais une
photo de Garbo... vous voyez, j'ai aussi mes posters. J'avais des
livres. Et puis, quelques objets aussi, mais des choses
très, très
intimes.
Isabelle Quenin : Vous aimez
aussi être prise en charge, que l'on vous guide. Parce que
votre
appartement ce n'est pas vous qui l'avez choisi, votre loge ce n'est
pas vous qui l'avez décorée. C'est amusant,
c'est...
Mylène
Farmer : Certainement besoin des autres, oui. Est-ce que c'est
être
lucide ? Je le pense. C'est savoir quels sont ses moyens et puis,
savoir ce dont on a besoin. Il n'y a pas de violence par rapport
à
ça. Je sais que j'ai besoin de certaines personnes et ce
n'est pas
grave. Tant mieux !
Isabelle Quenin : Tant
mieux… Elles sont là, en plus.
Mylène Farmer : Tant mieux.
Oui.
Isabelle Quenin : Secrets de Stars avec ce matin
Mylène Farmer et, en face de vous, Mylène, cette
dame blonde qui
scribouille. C'est vrai, Carleen : vous êtes
vraiment une
scribouilleuse ! Vous avez vu ? Elle n'arrête pas
de noircir des
feuilles de papier. Ça doit révéler
quelque chose
psychologiquement, ça ! Alors Carleen, qu'est-ce que l'on
peut lire
sous la crinière flamboyante de Mylène ?
Carleen
Binet : Des choses très différentes. Bon, sachant
que j'allais vous
voir, j'ai re-regardé avec mes enfants vos clips. On vous a
étudié
et j'étais très étonnée de
la différence qu'il y a entre ce côté
adolescent - androgyne que vous donnez beaucoup dans vos clips et
quelque chose de très différent. Il y a une femme
qui est mûre,
qui est très réfléchie, qui est
beaucoup plus posée qu'elle ne
donne l'impression et puis, bon, ce qui se dégage d'abord,
c'est de
l'élégance et de l'aristocratie. De
l'aristocratie sur tous les
plans, une recherche de qualité. Tout à l'heure,
vous parliez de
morale et d'éthique, c'est vraiment une éthique
personnelle, je
pense d'esthétisme. C'est-à-dire que vous voulez
être conforme à
une image belle de vous- même que vous voudriez donner. Et
que tout
ce qui serait laid, bas, collant, pas beau, visqueux est à
écarter
très fortement.
Mylène Farmer : Moi je dirais, c'est
l'ordinaire qui est à écarter. C'est vrai que
l'ordinaire me fait
peur.
Carleen Binet : Oui. Tout vous
donne envie de vous élever, c'est très
aérien. Et puis, il y a une
féminité qui ressort qui, de mon point de vue
n'est pas du tout la
féminité perverse que vous montrez, qui est,
là aussi, une
féminité d'élégance, de
séduction, d'inquiétude, un petit peu,
et pas du tout une féminité de lâcher
prise, de centrage sur soi,
de sécurité maternante. Il y a des tas de
côtés de Mylène. Et
puis, il y a le côté de ce front que vous cachez.
Alors, pourquoi
est-ce que vous cachez ce front qui, pour un morphopsychologue est
magnifique. C'est-à-dire, c'est un front de femme
intelligente, de
femme qui réfléchit, qui est très
lucide, qui voit beaucoup de
choses, qui, quand ça rebondit sur cette
sensibilité tellement
vibrante, tellement forte que vous avez, qui doit vous donner une
créativité tout à fait
énorme. Et, est-ce que c'est le manque de
confiance que vous avez encore dans cette
créativité qui fait que
vous cachez encore ce front ? Vous savez que Colette a gardé
son
front caché très longtemps et que quand elle est
devenue célèbre
et qu'elle a vraiment pris confiance, qu'elle s'est
dégagée de
Willy, elle a dégagé son front, elle a
parlé de l'impudeur de son
front. Il y a peut être quelque chose comme ça en
vous.
Mylène
Farmer : Peut-être. Moi, j'ai l'impression que plus je vais
avancer
et plus je vais cacher mon front. Et , pas le contraire. Je ne
suis pas quelqu'un qui m'aime beaucoup physiquement.
Isabelle Quenin :
Qu'est-ce que vous vous reprochez ?
Mylène Farmer : Oh... on ne
va pas en parler ; ce n'est pas très
intéressant. C'est…Je
ne sais pas. Je ne m'aime pas. J'ai cette fascination qu'est le
miroir. Je peux rester des heures devant le miroir, mais ce sera de
la provocation.
Carleen Binet : Vous serez de
toute façon toujours exigeante, toujours
passionnée, toujours en
recherche et en évolution. L'angoisse, le besoin
d'évoluer, vous
l'aurez toujours. Mais, peut-être avec un petit peu plus de
sérénité, quand même.
Mylène Farmer : Peut-être...
(rires)
Isabelle Quenin : Qu'est-ce
qu'il vous dit, le menton de Mylène ? Carleen Binet : Il faut
voir le menton et l'ensemble. C'est-à-dire un bon petit
menton, bien
projeté, bien vigoureux sur une mâchoire bien
carrée qui lui donne
une ambition, mais pas une ambition lourde de bulldozer,
d'écraser.
Tout à l'heure, elle disait :
« Je ne suis pas toujours
gentille, de temps en temps je peux mordre ». Mais,
je ne pense
pas qu'elle mordra jamais en début. Elle a besoin de son
indépendance, qu'on la respecte. Et, par contre, si on vient
l'attaquer, là, elle va se défendre et elle va
mordre, mais si elle
est coincée dans un coin. Par contre, elle a besoin de
s'affirmer,
affirmer ce en quoi elle croit, ce qu'elle croit juste et bien. Et
à
ce moment là, son petit menton... Mais il y a toujours le
revers de
la médaille, et le revers de la médaille, c'est
cette bouche
beaucoup plus tendre, un petit peu enfantine qui fait qu'on a besoin
aussi quand même un peu d'être prise en charge,
d'être protégée,
d'être rassurée dans sa
féminité.
Isabelle Quenin : On termine
rapidement avec le nez. Là, j'ai vraiment l'impression de
mettre...
Vous savez, c'est drôle, Mylène, parce que quand
je vous regarde,
je me dis : « La pauvre, elle est vraiment
en train de
passer un sale quart d'heure. Je la mets sur le
grill. » (rires
) Alors, on termine avec le nez, Carleen. Carleen Binet : Elle
a un nez magnifique. Elle a un nez superbe. Qu'est-ce que j'aimerais
qu'elle aime son nez...
Isabelle Quenin : Vous aimez
votre nez, quand même ?
Mylène Farmer : Oh non, alors !
Isabelle Quenin : Vous n'aimez
pas votre nez ?
CB : Regardez vous dans la glace quand vous
parlez à quelqu'un et regardez la vibration de vos narines .
C'est
deux ailes de papillon qui sont là en train de vibrer, de
faire
passer une sensibilité extrême.
J'espère que vous ferez du cinéma
pour pouvoir faire passer cette sensibilité. Il y a quelque
chose de
Meryl Streep dans vos narines et donc du même style de
sensibilité.
Mylène Farmer : Vous êtes trop gentille.
Isabelle Quenin : Mylène, cinq
minutes de pause, d'accord ?
Mylène Farmer : Merci.
Isabelle Quenin : Le temps
d'écouter un disque. Après il y aura les
informations et tout de
suite après, bien sûr, on retrouve Secrets de
Stars. Le disque,
c'est le disque qui vous a fait connaître, « Maman
a Tort ».
Mylène
Farmer : Oui.
Diffusion de « Maman a Tort »
puis du flash info de 11 heures.
Isabelle Quenin : Secrets de
Stars avec Mylène Farmer. Mylène, vous serez la
semaine prochaine,
samedi prochain très exactement, donc le 7 et le 8
décembre à
Bercy. Je voulais savoir comment vous vivez cette scène,
parce que
c'est une salle qui est énorme. Alors, comment est-ce que
vous
trouvez en vous - vous avez l'air tellement, je dirais, fragile,
pudique - comment vous trouvez en vous le ressort de vous catapulter
comme ça, sur une scène ? C'est un peu
Blandine.
Mylène
Farmer : Parce qu'il y a certainement un facteur inconscient qui fait
que vous pouvez vous propulser devant 14 000 personnes et, c'est
finalement presque la même chose que devant 1 000 personnes.
Il y a
une part d'inconscience et puis , une énorme force.
Et puis,
surtout une énorme envie d'y aller.
Isabelle Quenin : Vous avez
le trac ?
Mylène Farmer : Bien évidemment, oui. C'est
absolument incontrôlable et incalculable.
Isabelle Quenin : Comment ça
se passe lorsque vous quittez la scène ?
Mylène Farmer : Ça,
c'est un état qui a bien évolué depuis
le début. Quand j'ai fait
le Palais des Sports, qui était réellement ma
première scène, les
premiers jours, il y avait effectivement ce
phénomène de... On a
l'impression qu'on est hors du temps, hors de la vie. Et puis, on est
très perturbé pendant deux heures.
Après, c'est vrai qu'on est
obligé de... Mais pendant cette période,
justement, j'ai souhaité,
moi, dormir à l'hôtel par exemple. Donc,
c'était une manière à
moi de vivre ça, aussi, différemment et
intensément. C'est
étonnant et c'est très complexe aussi
à expliquer ce qu'on peut
ressentir sur une scène. C'est... J'ai un petit peu de mal
à
formuler toutes ces émotions. C'est en tout cas une
réelle émotion
et ce que je sens en tout cas aujourd'hui, je ne le vivrai
peut-être
pas demain. Et, c'est quelque chose aussi qui angoisse.
Isabelle Quenin : On peut
penser donc, la nuit du 6 au 7 et celle du 7 au 8, vous serez
à
l'hôtel ?
Mylène Farmer : Probablement ! (rires) Peut
être. Ou peut être que je souhaiterai autre chose
alors, puisque je
l'ai déjà vécu. Mais ces deux derniers
jours, oui, seront
terribles. Terribles d'émotion.
Isabelle Quenin : Je vous
propose d'écouter... vous savez que dans Secrets de Stars,
il y a
une séquence avec un témoin caché...
Mylène Farmer : Oui,
je redoute !
Isabelle Quenin : Alors
voilà, vous redoutez. Vous avez raison ! C'est quelqu'un qui
est
proche de vous et qui a accepté très gentiment de
nous donner son
témoignage au téléphone. Vous allez
voir... après, je vous dirai
pourquoi j'insiste un peu comme ça lourdement, parce que
c'était
vraiment très gentil de sa part, vu que ce
n'était pas très facile
à faire.
Le témoin caché (Mario Luraschi) : J'ai eu
l'occasion très sympathiquement de rencontrer
Mylène au cours de
son clip que nous avons fait, « Pourvu qu'elles soient douces
».
Et, au début, on m'avait dit qu'elle montait à
cheval et tout. Et,
j'ai d'ailleurs été très
agréablement surpris de voir qu'elle
montait parfaitement bien. Et, après, elle m'avait dit
qu'elle avait
travaillé avec des chevaux. Elle était venue chez
moi essayer les
chevaux. Et, au départ je lui avais donné un
cheval hyper cool, si
on peut dire, que je donne généralement aux
comédiens. Et j'ai
très vite changé. Je lui ai plutôt
donné un cheval qui a beaucoup
plus d'allure et qui montait bien. Elle avait tendance à
toujours
vouloir les grands galops, les choses comme ça.
Ça a été très,
très sympa. Pendant le tournage du film, on a eu la partie
du saut
et du démarrage dans les fougères, parce que
ça, on voulait le
faire très, très vite à cause de la
lumière. Et, en fin de
compte, ça m'inquiétait un petit peu parce que
j'aime bien essayer
de voir s'il n'y a pas de problème dans les
fougères, parce que
quand vous avez des fougères d'un mètre cinquante
de haut, vous ne
voyez absolument rien, donc il faut passer au triple galop à
travers. J'avais peur un petit peu que le cheval butte et qu'elle
tombe. Elle, elle me disait : « Mais non,
non, ça va
aller ». Elle est partie donc du bas et
ça a très bien
marché. C'est une excellente cavalière !
Isabelle Quenin : Alors , qui
est ce témoin caché, dont nous avons bien
sûr déguisé la voix
?
Mylène Farmer : Oui,. C'est Mario Luraschi.
Isabelle Quenin : Mario Luraschi.
C'est le spécialiste des cascades à
cheval et que vous avez
rencontré pour le tournage de « Libertine
». (erreur de la
journaliste, il s'agit en fait du tournage « Pourvu
qu'elles
soient Douces » ou « Libertine
II », ndlr)
Mylène
Farmer : Oui, oui c'est un grand, grand plaisir que de l'avoir
rencontré. J'avais le souhait de revenir très
souvent chez lui pour
monter à cheval, mais c'est vrai qu'il y a eu une coupure
après,
donc, qui était la préparation de la
scène. Et puis après, on se
défend de prendre des risques. Mais, c'est quelqu'un, dans
son
domaine, qui est passionnant. Passionnant !
Isabelle Quenin : Alors là,
nous l'avons joint au téléphone, à
Vérone, où se déroulait la
Fête du Cheval. Alors, je crois qu'il y a 1 700 chevaux qui
sont
présentés, dont les siens. Et, il part
à la fin de la semaine
tourner « Lucky Luke » avec Terence Hill. (rires)
Vous voyez que la
succession est assurée. Après «
Libertine », c'est « Lucky Luke
». C'est un de vos grands bonheurs, ça, monter
à cheval ?
Mylène
Farmer : Oui. Oui. Oui. J'ai voulu en faire mon métier. Je
sais
qu'aujourd'hui je ne me suis pas trompée. Mais, c'est
drôle parce
que j'avais... Je me rappelle que j'avais passé cet examen
de
passage qui est à Saumur, pour passer le monitorat. Et,
c'est un
examen bien difficile quand on a 17 ans. Et, on m'avait
demandé...
il y a toujours cette question fatidique :
« Pourquoi
voulez-vous absolument faire ce métier
? ». Et, j'avais
répondu de but en blanc que je souhaitais créer
un centre hippique
pour handicapés et, c'est quelque chose qui les avait
laissés cois.
Et, j'ai compris que je ne ferais jamais ce métier, de toute
façon.
Isabelle Quenin : On vous a
préparé une petite surprise. Quelqu'un de votre
entourage a cafté
et nous a dit que vous aviez beaucoup d'admiration et de sympathie
pour un chanteur qui s'appelle Jean-Louis Murat.
Mylène
Farmer : Oui.
Isabelle Quenin : Par exemple,
il y a un titre de Jean-Louis Murat qui est « L'ange
déchu » que
vous avez écouté très,
très, très souvent et que vous
connaissiez pratiquement par cœur. Alors nous, bien
sûr,
machiavéliques, on s'est dit :
« On va lui passer un
extrait de « L'ange déchu », on va
shunter, on va
couper... »
Mylène Farmer : Ça, c'est très
méchant
parce que je...
Isabelle Quenin: Et, Mylène
Farmer vous allez enchaîner en direct...
Mylène Farmer : Je
ne connais pas par cœur du tout.
Isabelle Quenin : Vous pouvez
fredonner ?
Mylène Farmer : On peut essayer.
Isabelle Quenin : On peut
essayer ! On essaye ?
Mylène Farmer : Je n'aime pas ça !
Diffusion
d'un extrait de la chanson
de Jean-Louis Murat, « L'ange
déchu »
Mylène
Farmer : Ça va être
terrible pour lui ! Je ne connais pas cette chanson par cœur,
je
suis désolée. J'aime l'auteur en tout cas, j'aime
l'interprète.
Isabelle Quenin : Alors, est-ce
que c'est quelqu'un vers qui vous êtes allée un
jour ?
Mylène
Farmer : Non. Non. J'ai souhaité en tout cas lui envoyer un
mot pour
lui dire que j'aimais ce qu'il faisait. Mais là, une fois de
plus,
on a, peut être à tort, un peu de pudeur et, j'ai
un petit peu de
mal à le faire. Mais, je le formulerai d'une
façon un autre jour,
certainement.
Isabelle Quenin : Et si lui vous
écrit un petit mot ?
Mylène Farmer : Mais j'en serais ravie
! (rires)
Isabelle Quenin : Et bien voilà.
Jean-Louis Murat qui a écouté, qui doit
être tout dépité,
piteux, qu'en fait vous n'ayez pas pu enchaîner en direct sa
chanson...
Mylène Farmer : Non ! Qu'on me pardonne.
Vraiment qu'il me pardonne... mais c'est...
Isabelle Quenin : Alors
Jean-Louis, si vous pardonnez à Mylène, vous lui
envoyez un petit
mot. Voilà ! On va écouter, alors là,
ce n'est pas une surprise,
je n'arrêterai pas le disque, je ferai rien
d'autre... c'est
Kate Bush et Peter Gabriel en duo avec « Don't give up
». C'est
un de vos choix.
Mylène Farmer : C'est peut être la plus
belle chanson que j'ai jamais entendue…
Diffusion du duo Kate Bush &
Peter Gabriel, « Don't give up ».
Isabelle Quenin : Kate Bush et
Peter Gabriel, « Don't give up ».
Qu'est-ce qui vous plaît le
plus, Mylène, dans la chanson : c'est la mélodie
ou c'est le
mariage des deux voix ?
Mylène Farmer : Je crois que c'est
une osmose. C'est le texte, c'est la mélodie, c'est
l'interprétation, les interprètes. Et puis, il y
avait un clip qui
était d'une sobriété magnifique. Et
puis, c'est probablement ce à
quoi j'aspire. C'est faire passer une émotion. Je crois
qu'il n'y a
que ça qui compte, pour moi.
Isabelle Quenin : C'est quelque
chose, c'est une chanson que vous auriez aimée enregistrer
et faire
?
Mylène Farmer : Oh, je ne suis pas sûre. J'aime
l'entendre. Je crois que là, il y a vraiment les
interprètes rêvés,
en tout cas pour cette chanson. Mais, c'est magnifique, oui !
Françoise Thévenet-Colson :
Que pensez-vous de son look ?
Fallait y penser. Ça n'avait pas
encore été exploité comme filon.
A part dans ses clips, je ne
sais pas trop comment elle est en fait. Je vais dire... je suppose
que dans la vie elle s'habille aussi un peu comme ça, peut
être.
J'adore !
Il est bien. J'aime bien.
Ouais, ça va,
elle le cultive, c'est bien.
C'est bien.
Ça lui correspond, je
trouve.
C'est justement ce que j'aime chez elle.
J'aime
beaucoup, j'aime bien son look, oui.
Elle a du goût, et c'est
original. Elle sort des autres stars.
J'aime bien.
Je ne
changerais rien.
Isabelle Quenin : Mylène
Farmer, que pensez-vous de votre look ?
Mylène Farmer : Je ne
sais pas si j'ai un look. J'aime, en tout cas, j'aime les habits.
J'aime m'habiller et c'est quelque chose, si j'ai une
réflexion à
faire par rapport à ça, c'est que je
déplore qu'on n'ait plus,
que les gens n'aient plus réellement envie de bien
s'habiller mais
dans n'importe quels lieux... Même en
télévision, puisque c'est en
tout cas ce que l'on regarde le plus facilement. Les gens se
négligent un petit peu trop, je trouve. Est-ce qu'il faut
parler de
respect ? Je n'en sais rien. Moi, j'en ai un pour les
personnes qui
vont me regarder. J'en ai un pour moi aussi. Donc, ça fait
partie de
ma vie. Donc, je ne sais pas s'il faut parler de look.
Maintenant,
c'est effectivement une recherche quant à la
façon de s'habiller
parce qu'on va faire attention à mille choses, à
des couleurs,
probablement à un style. En tout cas, ça,
ça fait partie
intégrante de ma personnalité.
Isabelle Quenin : Alors si vous
le voulez bien, on va demander à France Gadéa qui
est à mes côtés
ce matin, qui est notre lookeuse, de vous donner non pas quelques
conseils, mais de faire quelques réflexions sur la
silhouette de
Mylène. Comment pourrait-on l'habiller
différemment ? France
Gadéa : Je vais d'abord parler de l'image que je
reçois d'elle,
parce que bon, je ne peux rien construire sans ça. Et puis,
bon,
c'est ce côté elfe de la mythologie scandinave qui
me va très,
très fort et donc, ce génie aérien qui
symbolise le feu, l'air, la
terre, le monde végétal, surtout. Il ne faut pas
qu'elle change en
fait... parce que c'est un 'anti-look', ça c'est
sûr. Elle est
entourée de mystère, mais c'est un
mystère bénéfique. En fait,
les gens n'aiment pas trop ne pas savoir à qui on a affaire,
et avec
elle, c'est très fort. C'est bon, ça. Et donc,
elle le respecte et
qu'elle respecte ce côté, ce compromis qu'elle
est, entre le rêve
et la réalité. Alors, donc, on a envie de
l'habiller (...) des
vêtements qu'elle pourrait mettre pour elle,. C'est le
côté qui
respecte la poésie, l'émotion qu'elle est, avec
cette simplicité
originelle, cette discrétion, avec des tissus qui se
drapent, qui se
superposent en s'enroulant autour du corps pour glisser, fluides...
longue, une silhouette longue qui glisse, et utiliser aussi des
mélanges de matières... des contrastes entre le
mat et le brillant,
ombre et lumière, le côté opaque,
transparent, pour mettre en
harmonie tout le vêtement en mouvement. Ça,
c'est important,
parce que ça reste toujours très subtil et
très poétique, en
fait. Ça, c'est pour le look. Elle peut s'habiller
dans les
pastels poudrés. Pastels poudrés qui lui iraient
parfaitement dans
ce style de tenues, un colimaçon qui bouge. Là
où on avait envie
de délirer, c'est sur son
côté elfe... parce que, ça, c'est
très, très fort... elle a vraiment le visage,
elle a tout. Et, on
avait envie de la déguiser, enfin de la déguiser,
ça c'est du
délire, de lui proposer une tenue à base
d'un body en maille
métal or jusqu'aux pieds avec des manches avec des
gants
incorporés. Et, par-dessus, un petit gilet très
court, sous la
poitrine, plutôt rigide, carcan, mais doux... en velours, par
exemple, dans les tons feuilles mortes, avec de grandes manches qui
pendouillent, un peu dans le style manches moyenâgeuses... en
organza par exemple, dans les tons grisés, dans les tons
noirs
dorés. Elfe, mais il faut qu'elle garde cette part
de rêve et
c'est très important qu'on ne la devine
pas. Parce qu'en fait,
quand elle parlait d'anti-look, ça,
c'est très fort pour moi
comme je la vois. Pour moi, son costume de scène qu'elle a,
c'est
vraiment l'archétype. Ce n'est pas du
tout un look. C'est
Colombine, Pierrot... C'est comme les comédiens
autrefois qui
enfilaient un masque ou une défroque. Ce sont des
personnages
uniques, puis 'pouf', on passe à autre chose et encore autre
chose.
Il faut qu'elle garde ce
côté-là qu'on ne saisit pas.
Elle est
elle. Et puis, si elle peut le garder longtemps. Ça,
c'est
exactement ce qu'il lui faut.
Isabelle Quenin : Mylène :
vous vous sentez d'attaque pour le body métallique
jusqu'aux
pieds, avec les petits...
Mylène Farmer : Moi, je suis prête
à tout ! Je veux bien voir quelle silhouette
j'aurais... La plus
belle silhouette, en tout cas que j'aime, on y revient
toujours,
c'est celle qu'avait Katharine Hepburn,
justement... elle
avait... qui n'a rien à voir avec la
deuxième partie. J'aime ce
côté qui est finalement très,
très sobre mais qu'on pourrait
qualifier finalement de masculin mais, ce sont toujours des pantalons
avec des choses qui sont très pastel en
général aussi et qui sont
très, très féminins. Enfin, pour moi,
ça c'est vraiment la
représentation d'une grande classe, en tout cas.
Maintenant, les
excentricités, je pourrais les aimer aussi...
France Gadéa : C'est une
ambiance, une atmosphère à respecter. Ce
côté pastel poudré, le
côté colimaçon du tissu qui bouge... le
côté opaque brillant...
ce côté là qui ondule, en mouvement est
important avec des pastels
poudrés (…)
Isabelle
Quenin : Est-ce que vous
aimez vous déguiser, changer de costume, surprendre ?
Mylène
Farmer : Ce genre de déguisements, non. Je les effectue
d'une
autre façon, mais pas dans le vêtement, non.
Isabelle Quenin
: Les
vêtements, ça vous passionne ? Vous êtes
capable de tout pour
aller trouver un vêtement ?
Mylène Farmer : Oh oui ! Je l'ai
fait ! J'aime bien aller vers les créateurs. Je
préfère
d'ailleurs aller moi, de mon propre chef, que le contraire.
J'ai
travaillé, là, sur la scène, avec
Thierry Mugler et c'était
assez passionnant.
Isabelle Quenin : Je sais que
vous avez une folie : ce sont les chaussures !
Mylène Farmer
: Oui ! (rires)
Isabelle Quenin : Je sais même
que vous avez fait 200 kilomètres un jour pour aller
jusqu'à
Anvers pour trouver une jeune femme qui dessine, qui fait des
chaussures absolument somptueuses.
Mylène Farmer : Oui. Et,
qui a un nom que je n'arrive pas encore à
prononcer ! (rires) Mais
je les ai aux pieds, d'ailleurs. J'adore les
chaussures. Est-ce
que c'est révélateur de quelque chose ?
Il y a beaucoup de
formules sur les chaussures. Je ne sais pas... Vous allez
peut-être
pouvoir me le dire ?
France Gadéa : On dit toujours
qu'il vaut mieux avoir une belle paire de pompes et un beau
bagage
et de négliger le reste, parce que de toute façon
on est tout de
suite catalogué. Et ça, c'est
symptomatique . On n'a pas
peur d'un gars en jean avec des cheveux longs huileux et
dégueulasse si on regarde ses pompes et qu'elles
sont propres ou
originales, quelque part, on n'a pas peur. Donc, important quand
même, c'est révélateur : les chaussures
et le bagage. Le reste, on
s'en fout !
Mylène Farmer : Bon, je vais faire des progrès
côté bagage, alors ! (rires) Isabelle Quenin : C'est
l'accessoire qui compte !
Diffusion de « A Quoi je Sers…
».
Isabelle Quenin : « A Quoi je Sers »,
c'était
Mylène Farmer. Un titre que vous allez chanter, donc, la
semaine
prochaine.
Mylène Farmer : Oui.
Isabelle Quenin : C'est dans
quel ordre ?
Mylène Farmer : Dans le spectacle ? Elle se
situe en milieu de spectacle, donc ça doit être
à peu près la
sixième ? Il y a quatorze chansons, donc la
sixième (petite erreur
de Mylène, le spectacle comportant alors quinze chanson et
« A
quoi je sers... » étant la
neuvième interprétée, ndlr). La
façon dont nous on a envisagé cette
scène, c'était très
important que de finalement réécrire une histoire
avec déjà des
petites histoires. On a essayé de faire évoluer
un personnage, qui
est le mien, de faire évoluer, oui, un personnage dans la
vie. Donc,
ça commence par « L'Horloge »,
et puis il y a « Plus Grandir »,
etc. Comme on aurait pu envisager la construction d'un
scénario,
finalement.
Isabelle Quenin : Le scénario
n'est peut-être pas très loin,
d'ailleurs. Qui sait ?
Mylène
Farmer : Ça... On verra...
Isabelle Quenin : Rendez-vous le
7 et le 8 décembre donc à Bercy pour
Mylène Farmer. Merci d'avoir
passé cette heure en notre compagnie.
Mylène Farmer : Merci
à vous.
Isabelle Quenin : Ça va ? C'est
bien quand ça s'arrête, hein ?
C'est comme le dentiste !
Mylène
Farmer : Ne me dites pas ça ! (rires)
Isabelle Quenin : C'est bien
quand la fraise s'arrête ! (rires) A
bientôt, Mylène !
Mylène
Farmer : Merci à vous ! Au revoir.
Retranscription le 16 mars 2013
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