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Mylène Farmer - Interview - Clip Dédicace - M6 - 08 octobre 1988






Yves Carra : Nous avons une invitée exceptionnelle aujourd'hui, c'est la première fois qu'elle est sur M6 (ce qui est faux Mylène ayant été interviewée un an avant sur M6, ndlr) dans "Dédicace" tout au long de cette première heure d'émission. Vous l'avez comparée à une mante religieuse, à la fée Clochette, à une libellule, vous avez aussi dit - c'est vous qui parlez - qu'elle possédait le goût de l'interdit, de l'ambiguïté. Et moi je peux vous dire qu'après sept 45 tours, après deux albums et des clips remarqués et remarquables, en quatre ans seulement elle occupe une place tout à fait à part maintenant dans la chanson française, vous serez bien d'accord avec moi sur ce plan-là : c'est Mylène Farmer. Bonjour !
Mylène Farmer : Merci de tant d'éloges !


Yves Carra : En plus, c'est les téléspectateurs qui parlent. D'ailleurs, à ce propos, je vous offre la carte postale du petit...  (il montre à la caméra la photo d'un chimpanzé) Il ressemble à Léon ou à E.T. ?
Mylène Farmer : Ni l'un, ni l'autre. Ça, c'est un chimpanzé. Moi, ce sont des sajous capucins. Mais j'aimerais bien avoir celui-ci, mais c'est impossible.


Yves Carra : Pourquoi ?
Mylène Farmer : Parce qu'ils sont très, très protégés. C'est normal.


Yves Carra : Alors y a aussi une belle carte postale  - voilà je la montre -  qu'on a reçu avec plein d'éloges derrière... je te l'offre,  je vous l'offre.  Y en a aussi beaucoup d'autres !
Mylène Farmer : Merci.


Yves Carra : Je vous montre quand même le 33 tours compact (sic) de Mylène Farmer (il montre le CD Ainsi soit je...) et puis nous, bien sûr, nous allons regarder d'ici quelques minutes, mais on va en parler avant pour le présenter, Pourvu qu'elles soient douces, donc, en version intégrale de 15 minutes plus 2 ùinutes 50 de générique, c'est ça ?
Mylène Farmer : C'est parfait ! (rires)


Yves Carra : C'est exactement ça ?
Mylène Farmer : Oui.


Yves Carra : Donc, en clair, on peut dire déjà en préambule que c'est la suite de Libertine.
Mylène Farmer : C'est la suite de Libertine. Vous verrez,  le clip démarre sur, en fait, la dernière image de Libertine 1.


Yves Carra : Donc on est à quelle époque ?
Mylène Farmer : On est au XVIIIème siècle. Ça se déroule pendant la guerre de sept ans et c'est une histoire qui va se dérouler sur le territoire français entre une armée anglaise et une armée française, avec comme personnage principal Libertine, le capitaine anglais, la rivale de Libertine qu'on va retrouver, qui sera une prostituée et... je vous laisse découvrir le reste !


Yves Carra : D'accord, on le découvrira dans quelques minutes. Je crois que vous avez pris beaucoup de plaisir à ce tournage, en fait...
Mylène Farmer : Ah oui !


Yves Carra : ... parce qu'il y a des cascades, il y a des bagarres dans la boue, on le verra aussi tout à l'heure, y a beaucoup d'équitation, vous aimez bien ?
Mylène Farmer : J'adore l'équitation, c'est vrai. J'ai rencontré Mario Luraschi, qui est donc un cascadeur, un des plus renommés en France, et j'ai appris énormément de choses et c'était un bonheur. Je crois, le tournage le plus difficile, quand même, qui a duré huit jours, neuf jours...


Yves Carra : Neuf jours ?
Mylène Farmer : Oui.


Yves Carra : Où ça ?
Mylène Farmer : C'était dans la forêt de Rambouillet, tout en extérieur.


Yves Carra : Tout en extérieur ! Rien en studio ! Avec combien de figurants, figurantes ? (diffusion d''images du making-of du clip Pourvu qu'elles soient douces)
Mylène Farmer : Sur la globalité, il y avait entre 500 et 600 figurants.


Yves Carra : D'ailleurs, on voit des images du tournage du tournage ! Alors, on a pris des rushes, comme ça, au travers de cassettes qu'on avait...
Mylène Farmer : (des images des doublures de Mylène et de Sophie Tellier se battant sont diffusées) Ça, c'est une image du clip, d'ailleurs.


Yves Carra : Oui, c'est une image du clip. C'est vraiment vous qui sautez dans les bras de l'adversaire, si je puis dire ?
Mylène Farmer : Il y a des cascadeuses qui sont nos doublures respectives.


Yves Carra : Ha oui, quand même ! Alors, je crois qu'on va peut-être en voir quelques-unes d'autres, d'images, parce qu'il y a notamment une bagarre dans la boue qui est assez étonnante.
Mylène Farmer : Oui. Ça, c'est vraiment nous, là, sur ce moment-là.


Yves Carra : C'est vraiment vous qui l'avez faite ?
Mylène Farmer : Absolument.


Yves Carra : Alors là, on continue de voir un petit peu la bagarre... Ça doit pas être évident quand même quand on est cascadeuse d'être la doublure, de se battre toute la journée, d'éteindre le feu. Vous avez pas eu de problèmes, comme ça, pour allumer des feux dans la forêt de Rambouillet ?
Mylène Farmer : Non, non, il y avait les pompiers qui étaient sans arrêt autour !


Yves Carra : Là, on voit Laurent Boutonnat.
Mylène Farmer : Et des tuyaux !


Yves Carra : Des tuyaux ?
Mylène Farmer : (réalisant son erreur) Non, c'est une roue ! (rires)


Yves Carra : Ah bon, ça va j'ai eu peur ! Laurent Boutonnat, donc, le réalisateur, qui est aussi l'arrangeur, le concepteur et le réalisateur du 33 tours.
Mylène Farmer : Voilà. Là, il y avait Jean-Pierre Sauvaire, qui est donc le chef opérateur qui travaille avec nous.


Yves Carra : Et je crois aussi, je vous en ai entendu parler dans une autre émission on peut le dire, que le montage était très important pour vous. Et que la monteuse, puisque c'est une monteuse...
Mylène Farmer : (l'interrompant) Il est bien évidemment très, très important mais je disais là surtout que c'était pour moi un réel plaisir et une grande émotion que d'assister au montage, et spécialement de celui-ci parce que c'est un travail qui est énorme, et c'est vrai que Laurent Boutonnat travaille avec une monteuse qui est extraordinaire.


Yves Carra : Oui, il faut reconnaître que c'est un travail d'équipe, ça aussi, parce que je crois que vous avez repris la même équipe...
Mylène Farmer : Là, c'est réellement un travail du metteur en scène et d'une monteuse.


Yves Carra : Alors, est-ce que, je sais pas, on peut attendre un troisième volet de "Libertine I",  "Libertine II"... Un troisième volet ou...
Mylène Farmer : Je le souhaiterais. Faut-il avoir la chanson ! Et puis, l'avenir... je ne sais pas !


Yves Carra : Dans la chanson, je crois qu'il n'y a pas de problèmes puisque sur ce 33 tours vous avez écrit tous les textes. C'est ça ?
Mylène Farmer : Oui.


Yves Carra : Y en a une particulièrement que j'aime bien, c'est "Horloge" (sic).
Mylène Farmer : Oui. Cest un poème de Baudelaire.


Yves Carra : C'est pas mal. Vous avez peur de la mort ? Parce que le temps, c'est un petit peu, donc, la base...
Mylène Farmer : Je vous dirais quand on naît et quand on est enfant, on a peur de la vie, et quand on vieillit, on a peur de la mort. J'en fais partie, oui.


Yves Carra : Très bien. Alors maintenant, on en a parlé, on va le découvrir. Donc, dernière image de Libertine.
Mylène Farmer : Oui.


Yves Carra : On arrive donc, on est en pleine campagne. Faites un petit peu appel à votre imagination, mais pas beaucoup parce que les images parlent d'elles-mêmes. Et on rentre dans ce clip, Pourvu qu'elles soient douces. Y a 15 minutes de clip,. Installez-vous confortablement ! Vous allez découvrir Mylène comme peut-être vous ne l'avez jamais vue ! En tout cas, c'est parti : Pourvu qu'elles soient douces !


Diffusion du clip Pourvu qu'elles soient douces dans son intégralité ou presque, le générique de fin étant coupé.



Yves Carra : Dur d'arriver derrière un clip comme ça ! Et voilà, c'était Pourvu qu'elles soient douces pour la première fois en intégralité, donc, sur une chaîne de télé, c'est ça ?
Mylène Farmer : Oui. Absolument.


Yves Carra : Alors bon, c'est bien joli de le regarder une première fois comme ça, mais où est-ce qu'on pourra le voir après, ce clip ? Parce qu'il y a sûrement des personnes qui voudraient le voir à part, bien sûr, sur une cassette avec tous les clips de Mylène Farmer.
Mylène Farmer : Nous avons en projet de faire une seconde compilation de clips, dans laquelle sera comprise donc Pourvu qu'elles soient douces (Libertine II),. Il y aura Ainsi soit je... et puis Sans Contrefaçon.


Yves Carra : Je les ai tous, là ! (il prend la cassette Les Clips volume1 et lit le verso) Moi, j'ai Maman a tortPlus GrandirLibertineTristana et Pourvu qu'elles soient douces.
Mylène Farmer : Voilà, donc Sans contrefaçon... Non, Pourvu qu'elles soient douces, non ! (le clip ne figure effectivement pas sur la vidéocassette Les Clips Volume 1, ndlr)


Yves Carra : Non, pas là-dessus. Enfin, on peut le rajouter !
Mylène Farmer : Voilà. Et je pense qu'à Noël, on fera un coffret. Donc tout ça, c'est en préparation.


Yves Carra : Pourquoi est-ce qu'on le verrait pas en première partie de films ou au cinéma tout bêtement ?
Mylène Farmer : Parce que le minutage est beaucoup trop long.


Yves Carra : Alors, quel est justement, là on en vient à une question assez simple, quel est je dirais l'intérêt - bien sûr il est esthétique, il est visuel... j'ai l'impression un peu que vous construisez une œuvre - mais est-ce que c'est vraiment utile un clip comme ça de quinze minutes, à part - c'est pas du tout une agression - pour vous faire plaisir ?
Mylène Farmer : C'est pour se faire plaisir.


Yves Carra : C'est ça ?
Mylène Farmer : Bien sûr.


Yves Carra : C'est pour construire une œuvre, en fait.
Mylène Farmer : Oui. Utile... Ce n'est jamais utile ! Je crois que c'est important pour moi parce que je montre deux facettes, et c'est allier l'image et la chanson. Mais c'est surtout un plaisir.


Yves Carra : Et puis surtout la comédie, parce que votre premier métier c'était comédienne !
Mylène Farmer :  Enfin "mon premier métier"...  Je m'étais orientée, c'est vrai... J'ai suivi des cours de théâtre, c'est tout. (assez sèche dans ses réponses) Et puis Laurent Boutonnat, lui,  sa grande passion, c'était le cinéma mais lui a démarré très, très jeune.


Yves Carra : Oui, à 16 ans, c'est ça ?
Mylène Farmer : A 16 ans il a fait son premier long-métrage.

Yves Carra : Il a été présenté à Cannes, d'ailleurs. C'est impressionnant, quand même ! A 16 ans, il faut le vouloir ! Ça démontre quand même une volonté. Je veux ça,  je pense que je l'aurai.
Mylène Farmer : Oui ! (rires)


Yves Carra : Le long-métrage de Laurent Boutonnat sûrement avec Mylène Farmer : d'ici deux ans ?
Mylène Farmer : On peut imaginer d'ici deux ans en tout cas le long-métrage de Laurent Boutonnat.


Yves Carra : En tout cas, il y pense très sérieusement.
Mylène Farmer : Oui.


Yves Carra : La chanson, c'est presque un hasard de rencontre avec Laurent, alors finalement ?
Mylène Farmer : Je ne sais pas si on peut parler de hasard. Ce sont des rencontres comme ça qui existent. C'est en tout cas une bonne étoile, en ce qui me concerne !


Yves Carra : Oui, ça on peut le dire ! Une bonne étoile, quand même !
Mylène Farmer : Et puis après, c'est beaucoup de travail, aussi.


Yves Carra : Une bonne étoile qui va vous amener directement sur la scène du Palais des Sports en mai 89, c'est ça ?
Mylène Farmer : Absolument, oui. Oui.


Yves Carra : Bon, on va pas en parler parce que je suppose que c'est encore en préparatifs et rien n'est décidé.
Mylène Farmer : Oui, c'est en pleine préparation.


Yves Carra : Simplement, il y a une phrase que j'ai retenu dans un article de France Soir, c'est : "C'est pas la peine de dramatiser, mais je joue ma vie, quand même".
Mylène Farmer : Oui. Mais j'ai la sensation de jouer ma vie je dirais presque tous les jours, mais là spécifiquement c'est vrai, sur une scène.


Yves Carra : A ce point-là ? C'est quitte ou double, alors !
Mylène Farmer : C'est quitte ou double. Bien sûr.


Yves Carra : Bon. On a des petites surprises et on va vous montrer un document que nous avons retrouvé concernant Mylène Farmer comme, encore une fois, vous ne l'avez jamais vue, regardez ! Mylène n'est pas au courant. Regardez.


Diffusion d'une séquence extraite de l'émission "Fan de" dans laquelle une petite fille imite Mylène et danse sur Tristana.



Yves Carra : C'est impressionnant, non ?
Mylène Farmer : C'est touchant !

(...)

Yves Carra : On a décidé de  le montrer pour vous faire une surprise et puis de vous offrir la cassette.
Mylène Farmer : C'est gentil.


Yves Carra : Ça doit être impressionnant quand même quand au bout de quatre ans seulement, parce qu'il faut bien voir ça qu'en quatre ans de temps, y a complètement un mouvement de "farmeniomania"comme on l'a vu tout à l'heure.
Mylène Farmer : On se rend pas bien compte.


Yves Carra : Ah bon ?
Mylène Farmer : Moi je remercie Dieu tous les matins et tous les soirs. Mais on ne se rend pas bien compte, non.


Yves Carra : Carrément, c'est un petit peu le rêve... Pourquoi ? Parce que volontairement vous restez en retrait de tout ça ou vous voulez pas accepter tout ce qui se passe autour ?
Mylène Farmer : Parce que c'est quelque chose qui n'est pas réellement palpable. Quand on me demande de définir mon public, j'en suis un peu incapable, si ce n'est au travers du courrier, quand même, qui est très important et très, très intéressant.


Yves Carra : Y a une question aussi sur les dédicaces sur minitel. Est-ce que Mylène Farmer fera comme Kate Bush : elle nous fera des albums complètement fabuleux, mais est-ce que ses apparitions sur scène seront assez rares et épisodiques ? Ou est-ce que ça deviendra une passion ? On n'en sait rien encore !
Mylène Farmer : J'avoue que j'en sais rien. Je crois que je le ferai en tout cas une fois, et puis après, une fois de plus, on verra après.


Yves Carra : D'accord. Bon, maintenant on a d'autres surprises. (.... Je vous montre une première surprise. Puisque dans toutes les paroles du 33 tours de Mylène Farmer (...) Ainsi soit je..., y a angélique ou démoniaque. Alors, nous on a demandé à Hardy, qui est un dessinateur de BD (il montre un dessin sous verre représentant Mylène) (...) Voilà ce dessin qui est vraiment superbe, je trouve. Bien sûr, je vous l'offre.
Mylène Farmer : Merci beaucoup.


Yves Carra : Est-ce que vous vous retrouvez dans ce dessin, donc ? C'est ange ou démon, quoi.
Mylène Farmer : Peut-être pour la couleur des cheveux... (rires)


Yves Carra : On ne va pas en dire plus. Et puis surtout, tenez ! Là, je vous le laisse l'ouvrir. (Il lui tend un petit paquet cadeau.) Allez-y. (...) Alors, je vais vous expliquer ce qu'il y a dans ce cadeau même si elle l'a pas encore tout à fait découvert. C'est un livre quasiment introuvable en France, on sait même pas s'il y a une traduction française. C'est un livre qui raconte la vie de Frances Farmer, et c'est pas tout à fait un hasard si on l'offre à Mylène Farmer puisque le pseudonyme Farmer, et bien c'est en hommage à Frances Farmer.
Mylène Farmer : Ah, c'est merveilleux. Très beau cadeau.


Yves Carra : C'est ça ? Je me suis trompé avec ce que j'ai dit, ou pas ?
Mylène Farmer : Je ne vous répondrai pas. Mais c'est un très, très beau cadeau, en tout cas.


Yves Carra : Ben si, faut me répondre, c'est pas de jeu, ça !
Mylène Farmer : Oui, c'est en hommage à cette femme.


Yves Carra : Vous vous retrouvez un petit peu dans sa démarche, qui est simplement... c'est une vedette hollywoodienne qui n'a pas accepté le star-system, et puis qui a subi une lobotomie parce qu'elle est devenue folle.
Mylène Farmer : Oui, voilà. C'était un film formidable, d'ailleurs. (en référence au film Frances, ndlr)


Yves Carra : Avec Jessica Lange. En tout cas, voilà, c'est un cadeau de "Clip Dédicace".
Mylène Farmer : C'est un merveilleux cadeau, merci beaucoup. C'est en anglais, donc je vais faire des progrès ! (rires)


Yves Carra : Y a une chanson en anglais, quand même, dans l'album ! (La ronde triste, ndlr)
Mylène Farmer : Oui ! (rires)


Yves Carra : Mylène Farmer, merci beaucoup d'être venue toute une demi-heure pour nous présenter ce clip, Pourvu qu'elles soient douces.
Mylène Farmer : Merci à vous.


Yves Carra : J'espère qu'on le reverra plus souvent sur M6 !
Mylène Farmer : Merci de votre accueil !


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