Mico C - Interview (France Bleu Azur) - 29 juillet 2023
Le jour du dernier concert 2023 Nevermore à l'Allianz Riviera de Nice, interview sur France Bleu Azur du DJ Mico C dont le remix de Du Temps a été choisi en ouverture du spectacle.
Arno Visconti : Mylène Farmer a choisi d'ouvrir son spectacle avec la chanson Du Temps qui avait été remixée à l'époque par Mico C, un DJ originaire de notre région. Mico C est avec nous. Est-ce que vous avez préparé vos valises pour venir la voir ou pas, ce soir à l'Allianz Riviera ?
Mico C : Évidemment, c'est la dernière date de 2023. On ne peut pas rater ça !
Arno Visconti : Vous l'avez déjà vu, ce que ça donne, cette entrée dans ce show Nevermore ?
Mico C : Oui, j'avais évidemment pris mes places pour Paris, j'avais posé mes vacances pour Paris puisque les concerts de Mylène Farmer sont essentiellement les vendredis et samedis et ce sont des dates où moi je bosse. Je voulais absolument voir ce concert au Stade de France. J'avais également pris des places sur Marseille, étant marseillais de naissance. Donc, oui, j'avais déjà pris quelques places, j'ai vu le concert et puisque les dates de Paris ont été reportées à l'année prochaine et que Marseille ne suffisait pas pour moi, je suis allé à Bruxelles le week-end dernier pour voir ce concert dans le stade du Roi Baudouin. Et, évidemment, vivement ce week-end pour revivre ça à l'Allianz Riviera.
Arno Visconti : Quelle est l'histoire de ce remix ?
Mico C : Déjà, Du Temps, c'est un morceau qui date de 2011 qui était l'inédit du best-of 2001.2011. Il y a eu un single et un clip mais c'est vraiment un single qui n'est pas sur un album. À l'époque, c'était mon premier remix pour un single de Mylène Farmer. Tu peux imaginer la ferveur quand tu adores un chanteur et que pour faire un remix, tu reçois les éléments séparés. L'a cappella, 'écouter quelque chose comme ça, c'était juste incroyable. Donc, ça c'est vraiment le tout premier remix que j'ai fait pour Mylène en 2011. Et après, la collaboration a continué. Il y a eu Du Temps, donc, en 2011, il y a eu Stolen Car en 2015 avec Sting sur Interstellaires, il y a eu Désobéissance en 2019 et Rallumer les étoiles qui est sorti il y a quelques mois maintenant sur l'album L'Emprise. Donc, voilà, c'est vraiment une collaboration qui dure dans le temps, et c'est plutôt chouette.
Arno Visconti : J'imagine que pour vous ça doit être absolument incroyable, d'autant plus que vous, vous êtes fan de Mylène Farmer...
Mico C : Je l'ai découvert en 86 avec Libertine, avec le "Top 50". C'était dans les années 80, c'était un des seuls moyens de voir les clips à la télé. Donc, voilà, je suis tombé sous le charme de ses clips incroyables, de ses musiques, de ses paroles. On a grandi ensemble. Le terme est bizarre mais sa musique a évolué au fil des années, au fil des décennies, comme moi j'ai pu grandir aussi. Et maintenant, c'est l'une des rares artistes, si ce n'est la seule à avoir fait des titres et à les avoir mis numéros 1 sur cinq décennies. C'est incroyable !
Arno Visconti : Mylène Farmer et les remixes : il y avait eu justement en 1992 un album, le Dance Remixes. Il y en avait eu un second dans les années 2000. Et puis là, dernièrement, on se rend compte qu'elle travaille beaucoup avec des DJs. Je vais citer, pour la partie niçoise, The Avener qui est niçois, Feder aussi, qui est originaire de Nice et qui avait collaboré à l'un de ses derniers albums. C'est toujours intéressant de travailler sur les textes de Mylène Farmer et les musiques, de les remixer ?
Mico C : C'est intéressant quand tu as quelque chose à apporter. Moi, ma couleur est plutôt la couleur électro et remixeur. Une artiste électro et la ramener dans un autre univers électro, pour moi, c'est un non sens. C'est plus amusant d'apporter quelque chose et de remixer d'autres artistes. Pour moi, Mylène Farmer, ce n'est pas une artiste électro, c'est plus une artiste variétés et pop. Donc, là, tu prends vraiment son univers et tu essayes de le transposer dans un univers électro. J'ai fait deux trois mixes pour des groupes comme One Republic, qui est plutôt un groupe pop-rock, et c'est chouette d'essayer d'amener ton univers électro. Maintenant, remixer un morceau électro et remplacer une boîte à rythmes par une boîte à rythmes, ça ne sert pas à grand chose. Je trouve que c'est intéressant, aujourd'hui, d'amener d'autres artistes qui ont d'autres univers. S'il y a bien un artiste qui a un univers, c'est bien Mylène Farmer, et d'essayer de prendre des bouts de codes de son univers et d'essayer de les transposer sur de l'électro, je trouve ça plutôt intéressant. Elle a su au fil des collaborations, comme avec Woodkid récemment, comme avec Moby un peu avant, comme avec Feder, The Avener, choisir les producteurs avec qui elle trouvait sans doute des points communs pour essayer d'avancer. C'est génial !
Arno Visconti : Puis il y une nouvelle vie pour ce remix sur les plateformes de streaming. Avant de parler de cette nouvelle vie, j'aimerais que vous me précisiez comment vous l'avez travaillé ce remix de Du Temps. Combien de fois on écoute la chanson, les éléments, est-ce qu'on a besoin de connaître le sens du texte, comment on se l'approprie? Comment ça s'est passé ? Ça remonte à plus de dix ans...
Mico C : Oui, de mémoire, c'était fin 2011 pour une sortie en 2012. J'aime bien le texte, effectivement. Il y a toujours des textes dans les chansons de Mylène Farmer donc, c'est toujours important de comprendre le sens de la chanson. Après l'univers de l'électro, je voulais apporter un côté un peu festif sur ce remix-là, ce qui n'était pas forcément le cas sur Stolen Car qui était sans doute un peu plus lent. Sur Du Temps, je voulais vraiment un côté festif et je voulais que ça colle avec les sons du moments qui étaient, en 2011, en 2012, qui sonnaient un peu à la DJ Antoine ou d'autres choses. Donc, je voulais vraiment que ça colle dans cet univers club du moment et trouver les sons qui allaient bien pour faire une version pour les discothèques. L'idée de départ, c'est toujours ça, c'est se dire que l'original il est essentiellement calibré pour les passages en radio. Maintenant, essayons de faire quelque chose pour les clubs. Je crois que sur le CD Maxi à l'époque, il y avait un autre DJ israélien, qui s'appelle Tomer G, qui a fait une version club qui est extraordinaire. Et voilà, c'est plutôt chouette. Après, pour le travail, j'ai dû mettre une quinzaine de jours mais, après je crois que c'est plus parce que tu as une deadline, en fait. Sinon, moi, je suis plutôt quelqu'un qui pourrait y passer des mois en train de se dire : "Ah non, ça je peux encore le modifier !". Tu le réécoutes le lendemain : "Ah non, ça on peut peut-être faire encore différent." Donc, c'est bien aussi d'avoir une deadline pour savoir quand s'arrêter.
Arno Visconti : Vous voulez dire que pour faire ce remix, vous n'aviez pas vraiment... du temps ?
Mico C : Pas assez... Parce que je ne sais pas si je suis... certains vont dire qu'ils veulent absolument trouver le truc parfait... on n'arrive jamais à quelque chose de parfait en vrai. On pourrait toujours essayer de faire différent, de faire mieux, mais finalement, quand tu écoutes la version 40 de ton remix, tu te dis que la première n'était pas si mal. Pas assez de temps, sans doute, mais c'est surtout dans l'urgence qu'on bosse, j'ai l'impression.
Arno Visconti : Ce remix, depuis qu'elle le propose en live, j'ai l'impression que les écoutes, elles ont explosé aussi. C'est un véritable phénomène sur les plateformes de streaming...
Mico C : Elles ont complètement explosé parce que c'est un titre qui est sorti bien avant Spotify, bien avant TikTok. Et de voir aujourd'hui... la nouvelle génération, déjà, le découvre. Les tout derniers fans de Mylène Farmer qui l'ont découvert avec L'Emprise ou avec Interstellaires ou avec Désobéissance ne connaissaient peut-être pas assez bien ce titre. Le fait que Mylène Farmer le choisisse en ouverture de Nevermore, ça donne effectivement un vrai coup de projecteur sur ce titre. Je regardais encore les stats ce matin : je crois que sur TikTok, il a dépassé les 100 000 écoutes, sur Spotify il est quasiment à 90 000, sur iTunes il a été numéro 1 en Grèce et au Japon, numéro 2 en Belgique, numéro 2 en France, numéro 4 en Suisse, numéro 9 au Royaume-Uni. Évidemment que ça me fait plaisir ! Pour moi, c'est le premier remix. Il a un charme différent des autres. De le faire, à l'époque, c'était incroyable et là, de l'écouter en live dans le stade avec 40 000 ou 50 000 personnes, ça te donne des frissons.
Arno Visconti : Ça va être fou ! Alors, du coup, aujourd'hui, à Nice, est-ce qu'après le concert, vous allez, vous, écouter aussi des remixes de Mylène Farmer ici sur Nice ? Est-ce que vous restez un petit peu ?
Mico C : Je vais sans doute rentrer le dimanche dans la journée donc s'il y une soirée Mylène Farmer, s'il y a une soirée dans un club du coin, ça serait cool d'aller boire un verre... Il y a plein de gens qu'on retrouve parce qu'effectivement c'est un peu un tour de France des fans de Mylène. À Marseille, j'ai recroisé des gens croisés la semaine d'avant à Paris dans une soirée Mylène Farmer. Tout le monde se recroise. Donc, je vais sans doute recroiser des têtes que je connais ou des gens vont me reconnaître aussi, ça arrive sur des dates de Mylène. Je ne sais pas ce qui est prévu, je ne sais pas s'il y a des discothèques du coin qui ont prévu une soirée en mode un peu after sur le thème Mylène Farmer. Quand samedi soir, tu as 40 ou 50 000 personnes qui sortent d'un stade, il y a plein de gens qui ont envie de faire la fête.
Arno Visconti : Je ne sais pass'il y a quelque chose d'organiser, justement un after mais ce serait sympa de lancer l'idée.
Mico C : Lancer grâce à France Bleu Azur !
