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THE SINGLES 1995-1997
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Jean-Claude Dequéant - Interview (2006)





Extraits de l'interview au magazine Platine paru en janvier 2006
Propos recueillis le 10 novembre 2005

(...)

Quand rencontrez-vous Mylène Farmer
Au tout début, vers 1982. L'histoire s'est passée ainsi. Un jeune éditeur-producteur qui malheureusement s'est suicidé par la suite est venu me voir car il organisait mon travail avec Yves Simon et d'autres. Il m'a dit : "Je vais vous présenter deux garçons qui ont écrit une chanson et qui veulent en faire une maquette." J'ai vu débarquer les deux garçons, Laurent Boutonnat et Jérôme Dahan qui étaient super sympas. On s'est entendus comme larrons en foire.


Pourquoi avez-vous accepté de travailler avec des débutants ? Sentiez-vous leur potentiel ?
Oui, ils avaient du talent. Quand ils m'ont présenté leur truc de Maman a tort, je trouvais ça très nouveau, même si il n'avaient qu'un petit début de machin...


Avez-vous fait l'arrangement de la maquette de Maman a tort, dont la musique était des deux, mais le texte de Jérôme seul ?
Non, mais je l'ai enregistré en donnant mes conseils, en leur donnant des sons, car j'avais un ARP Odyssée. C'était tout nouveau.


Ecrivaient-ils les arrangements comme vous les faisiez ou alors tatonnaient-ils avec vous ?
Non, ils n'écrivaient pas les arrangements. Disons que je leur proposais des choses, je leur programmais le séquenceur car je n'avais pas encore d'ordinateur, et ils acceptaient ou refusaient.


Pensez-vous qu'ils aient beaucoup apporté à l'enregistrement de Maman a tort ?
Ah oui ! je trouvais leurs idées très bonnes, ça me plaisait énormément.


Quand vous avez travaillé avec eux sur la maquette, Mylène était-elle là ?
Non, ils maquetté dans une tonalité sans avoir la chanteuse ! Ensuite, ils ont fait venir la soeur de leur associé, le jeune éditeur-producteur qui avait 17 ans et qui chantait très bien et qui faisait l'affaire. Malheureusement, ce jeune éditeur-producteur avait de grosses ambitions pour sa soeur et voulait monnayer tout ça. Cela n'a pas plu à Laurent et Jérôme et ils se sont séparés de lui et de sa soeur.


Avez-vous eu des nouvelles de ce garçon par la suite ?
Oui, car je n'étais pas fâché avec lui. Nous nous sommes appelés deux ou trois fois, mais nous n'avons pas retravaillé ensemble. En attendant, Laurent et Jérôme ont organisé un casting pour trouver une chanteuse, et un jour, Mylène a débarqué avec eux.


Vous qui aviez vu beaucoup d'artistes en sutdio, vous êtes-vous dit la première fois : "cette fille est magique" ou pas du tout ?
La première impression que j'ai eu quand elle s'est mise derrière le micro, c'est que sans connaître la chanson, elle a réussi à l'enregistrer tout de suite ! De plus, elle n'était pas chanteuse professionnelle et pourtant sa voix passait miraculeusement ! Et même si j'avais un très bon micro, toutes les voix ne passaient pas comme la sienne ! En plus, elle était très jolie et surtout elle riait tout le temps, ce qui était sa caractéristique. A chaque fois qu'elle s'entendait, elle riait, elle éclatait de rire même, et nous éclations de rire avec elle (rires).


Etait-elle juste ? En place ?
Les deux et naturellement Mylène ne chantait absolument pas faux. Elle avait un talent naturel. S'il y a une chose que j'ai toujours eu, c'est le sens de la justesse, et quelqu'un qui chante faux, pour moi n'est pas un chanteur, sauf quelques exceptions comme Rod Stewart qui n'a jamais chanté juste et qui est une grande star. Mylène, en revanche, était une chanteuse née.


Etiez-vous payé au forfait pour ce travail ou avez-vous eu une promesse d'intéressement ?
Non je n'étais pas co-producteur. J'étais payé par Laurent et Jérôme à la séance, mais je ne demandais pas cher et en plus je leur faisais crédit.


Avez-vous démarché avec eux pour signer chez RCA ?
Non, ils l'ont fait tout seul. Ils étaient très forts pour ça. Ils avaient beaucoup de leçons à me donner. Moi, j'ai beaucoup appris avec eux.


Vous tenaient-ils au courant de leurs démarches qui ont duré des mois, puisqu'ils ont même fait plusieurs fois le tour des maisons de disques, prétextant des nouvelles versions de Maman a tort alors que c'était toujours la même qu'ils faisaient écouter ?
Oui, on était très lié. Je pense qu'ils avaient aimé la façon dont ils avaient travaillé avec moi, je leur avais donné beaucoup de temps, beaucoup d'énergie... je ne comptais pas.


Avez-vous été découragé par le temps qu'ils ont mis à signer ?
Non, car j'y croyais. Je pensais que ce morceau était bon et qu'ils arriveraient à le caser. En plus, en attendant, je faisais autre chose. Je recommençais à gagner ma vie correctement.


Vous souveznez-vous de la version anglaise de Maman a tort, adapté par FR David en My Mum is wrong ?
Non, pas du tout.


Après le succès du premier 45 tours, c'est vous  à nouveau qui enregistrez le second, On est tous des imbéciles, signé paroles et musique par Jérôme, alors que Laurent se rattrape sur la face B, L'annonciation...
Oui, on a travaillé comme pour le prmeier disque. Seuls les mixages n'étaient pas faits dans mon studio.


Comment en arrivez-vous à composer la musique de Libertine ?
Ça, c'était en 1984. Cette chanson a toute une histoire : j'avais composé une musique sur laquelle un chanteur, Georges Sibolle - qui n'est pas très connu - avait mis un texte qui s'appelait "L'amour tutti frutti". On avait même fait une maquette très rock avec une chanteuse, on l'a présentée aux maisons de disques, mais personne n'en voulait. Je me souviens que Jérôme et Laurent l'adoraient et me disaient toujours : "C'est un carton ton truc !" Ils m'ont même aidé à la démarcher, on leur a dit : "Ça, en anglais, ce serait un carton !" C'est une des rares fois de ma vie où je me suis dit que je tenais quelque chose. Je sentais bien que cette musique était la chance de ma vie, mais rien ne se passait. Après l'échec d'On est tous des imbéciles chez RCA, Jérôme et Laurent ont signé chez Polygram pour un album. Je me souviens qu'on avait fêté ensemble leur nouveau contrat à la Closerie des Lilas.


Avaient-ils des chansons d'avance ?
Non, comme tous ces jeunes de l'époque, ils arrivaient en studio avec rien. Le studio était pour eux non pas un endroit de finalisation mais de création. On a donc commencé à faire de petites séquences, mais très vite, il y a eu des dissenssions entre Jérôme et Laurent. Du coup, ils venaient chacun à leur tour : Jérôme travaillait sur des trucs difficiles, partait dans des méandres que Mylène ne parvenait pas toujours à suivre...


Mylène venait-elle aussi au studio ? Avec Jérôme comme avec Laurent ?
Oui, elle venait tout le temps. Aux beaux jours (ndlr : été 1985), je me souviens qu'elle se faisait bronzer sur le balcon du studio.


Donnait-elle son avis ce que vous faisiez avec Laurent ou Jérôme ?
Pas trop, elle laissait faire et quand on lui demandait d'essayer, elle essayait.


On raconte que Jérôme voyait Mylène comme une nouvelle Françoise Hardy et Laurent comme une Jeanne Mas puissance dix...
On ne parlait ni de Françoise Hardy ni de Jeanne Mas. Jérôme était très compliqué. Il avait une musique très personnelle. Finalement, ça ne se passa pas chez moi, mais Laurent et Jérôme se séparèrent. Un jour, j'ai vu arriver Laurent et Mylène et ils me l'ont annoncé très simplement.


Jérôme vous l'a aussi annoncé ?
Oui, je suis resté également en rapport avec Jérôme, qui m'a dit : "Je ne travaille plus avec Mylène, mais tu peux travailler avec Laurent, il n'y a aucun problème. On pourra même retravailler ensemble par la suite." Et cela a été le cas, j'ai retravaillé avec lui pour son propre disque, également pour une de ses productions.


Où en était l'album de Mylène Farmer à ce moment-là ?
On n'avait toujours pas de chanson (sourire), surtout que seul Jérôme avait fait des trucs... C'est alors que Laurent, qui n'avait pas encore travaillé sur l'album et qui ne connaissait pas sa puissance de compositeur m'a dit : "Je crois me souvenir que tu as une très bonne musique, c'est "L'amour tutti frutti", en revanche, je voudrais refaire le texte." Comme cette chanson était plus ou moins tombée à l'eau, j'ai répondu : "Allons-y !"


Georges Sibolle était d'accord ?
Je ne lui ai pas demandé son avis, d'abord parce que ce n'était pas déposé à la SACEM, ensuite parce qu'il avait créé le texte sur ma musique et pas le contraire.


Laurent a-t-il gardé la musique comme elle était ?
Non, comme il avait toujours beaucoup d'idées pour les sons, un potentiel faramineux : il avait mille idées à la seconde.


Plus que Jérôme ?
Oui, mais Jérôme était plus musicien...


Laurent n'était-il pas plus efficace et Jérôme plus torturé ?
Oui, c'est bien résumé (rires).  Laurent a donc commencé à accélerer la musique de ce qui allait devenir Libertine, puis il m'a demandé de retravailler un refrain plus long à partir d'un gimmick qui existait et sur lequel il allait écrire le fameux : "je, je suis libertine..." Enfin, il m'a demandé d'écrire une musique pour le couplet, "cendre de lune.." et il a abandonné un ou deux motifs, notamment une partie parlée, un peu comme du rap, sur une musique techno avant le mot. Cette partie venait après le gimmick. En revanche, Laurent a gardé le pont.


Quand Laurent Boutonnat a-t-il écrit le texte Libertine ?
Bien après la musique, sur laquelle Mylène a d'abord enregistré une voix en yaourt en faisant "La, la, la" - ce que j'avais déjà trouvé très bien-, Laurent a écrit son texte petit à petit, en tâtonnant beaucoup car il ne travaillait qu'au studio, même les paroles. ce n'est pas le genre d'arriver au studio avec un texte ficelé, car quand il est hors du studio, il a autre chose à faire... (rires) A l'époque, il travaillait déjà dans la pub.


Le texte "Je suis libertine, je suis une catin" ne vous a-t-il pas choqué ?
Si ! (rires) D'ailleurs, s'il a écrit son texte petit à petit, il est quand même arrivé un jour avec le texte du refrain. J'ai eu un choc énorme quand il m'a chanté : "Je, je suis libertine...". J'ai essayé de lui expliquer que les jeunes ne parlaient plus de libertinage en 1985, que c'était désuet. Cependant, il m'a répondu tellement sûr de lui que j'ai vite abdiqué. Ensuite, il m'a chanté la suite : "Je suis une catin". Alors là, je lui ai dit carrément que ça ne passerait jamais en radio !


Que disait Mylène dans ces moments-là ?
Rien. Pour elle, c'était tout à fait naturel. Ni chaud, ni froid. Elle se voyait tout à fait le chanter, surtout qu'elle avait beaucoup de facilités à enregistrer.


Est-ce que Polygram a écouté Libertine tout de suite ?
Non, Laurent a fait tout son album avant. Comme il était producteur, ils l'ont laissé faire jusqu'au bout. D'ailleurs c'est moi qui lui ai trouvé les musiciens pour l'enregistrer : Slim Pezin qui est resté longtemps en studio et sur les tournées, Alain Hatot... et même les choristes : Carole Fredericks et Yvonnes Jones. J'ai aussi amené deux soeurs pour chanter la fin de Libertine, cet espèce d'hymne africain. En revanche, ce n'est pas moi qui ai trouvé Gilles Chouard, le batteur.


Qui étaient Les Moines Fous du Tibet ?
Ça, c'était encore une invention de Laurent ! (rires) J'appréciais d'ailleurs beaucoup ce genre de délire...


Pourquoi n'avez-vous pas écrit les autres chansons ?
Parce qu'après Libertine, Laurent a été inspiré. Il a donc fait très vite toutes les autres musiques et tous les textes car Mylène n'écrivait pas à l'époque.


Quand l'album a été fini, sentiez-vous que votre chanson était la meilleure ?
Oui, mais tout le monde le sentait, Mylène et Laurent aussi !


Pourquoi avoir sorti fin 1985 Plus Grandir comme premier extrait de l'album ?
C'est ça aussi l'histoire ! (sourire) Après l'enregistrmeent, chez moi, nous sommes allés au studio Palais des Congrès pour mixer. C'est moi qui l'ai fait en qualité d'ingénieur du son, avec Laurent, le producteur qui a énorménement d'idées niveau son, à côté de moi. Ce n'est qu'après le mix que Laurent a invité Alain Lévy - qui n'avait rien entendu - à venir écouter. On était certain qu'il allait mettre le doigt sur Libertine et donc on lui a fait écouter en premier. Il réagit donc très positiviement et demande à écouter le reste. On le lui fait écouter et c'est là qu'il nous annonce qu'il va sortir Plus Grandir d'abord.


Pour vous, Plus Grandir arrivait juste après Libertine ?
Oui, car les autres titres étaient des chansons d'albums, pas des singles. Cet album ne comptait que deux singles... Le seul vrai single était cependant Libertine. Ils ont néanmoins mis le paquet sur Plus Grandir, fait même un clip... mais ça n'a pas fonctionné et j'ai commencé à me dire que c'était foutu car on commençait à jeter les artistes après un seul échec...


Alliez-vous sur les tournages des clips ?
Non, non, mais j'étais très impressionné par les clips de Laurent. Déjà par le clip de Plus Grandir.


Aviez-vous des rapports avec Bertrand Le Page qui avait rejoint l'équipe de Mylène et Laurent ?
Ah oui, on s'aimait bien...J'ai même rempli la déclaration SACEM de Libertine chez lui puisqu'il était devenu co-éditeur des chansons avec Polygram. Heureusement, au printemps 1986, Polygram s'est enfin décidé à sortir Libertine pour l'été 1986 et Laurent a tourné son clip. J'ai su à la fin de l'été que c'était un succès.

(...)

Est-ce que Libertine vous a permis ensuite de placer des musiques à d'autres artistes ?
Non, mais je n'ai peut-être pas apporté les bons titres, ce que je faisais était trop techno.


Pourquoi, à votre avis, la version anglaise de Libertine, Bad Girl n'est-elle pas sortie ? Pensiez-vous qu'elle ferait ensuite une carrière inernationale ensuite en Allemgane, au Japon ou en Russie ?
Dans Bad Girl je crois que Mylène n'était pas encore assez au point en anglais et je ne sentais pas ce texte-là.


Qui l'avait écrit ?
Je ne me souviens plus.


Suiviez-vous Mylène quand elle faisait des petits galas ?
Avec Bertrand ? Non, je n'allais pas dans ce genre de promotion.


Vous ne la voyiez qu'à votre studio ? Pas non plus rue Quincampoix ?
Si, je l'ai vue chez elle, mais assez peu. Je me souviens d'ailleurs de ses premiers petits singes.


Alliez-vous dîner quelques fois avec Laurent et Mylène ?
Ça m'est arrivé, oui.


Pensiez-vous faire partie alors de leur "famille" ?
Non, non, je ne faisais pas partie de la "famille". En plus, après la sortie de l'album, cela a vite dégénéré. Après le succès de Libertine, je pensais que je pouvais apporter à Laurent d'autres musiques. J'ai donc propposé plusieurs fois à Laurent de travailler avec lui, mais je voyais que cela ne l'intéressait pas beaucoup.


Etait-ce pour lui un problème d'argent ? Voulait-il garder pour lui 100% des droits ?
Non, c'était un problème d"égo. Laurent avait un égo démesuré. Je le savais depuis le début.


Reconnaissait-il que vos musiques étaient meilleures ?
Non, il a reconnu que Libertine était une grande chanson, mais il s'en attribuait les mérites. D'ailleurs, ensuite, quand il donnait des interviews, il ne parlait jamais de moi. J'ai donc supporté ça quelques mois jusqu'au jour où je lui ai dit ce que j'avais sur le coeur. C'était justement le jour du mixage de Bad Girl. Laurent n'a pas apprécié et cela a été notre dernier jour de travail ensemble. Il m'a dit : "C'est fini, on ne travaillera plus ensemble." Je pense qu'il avait commencé au Studio Méga et que ma "crise" l'arrangeait.


Pensz-vous que Laurent vous ait poussé à bout pour que la rupture vienne de vous ?
Possible. Je pense que sa psychologie était : "Moi Laurent Boutonnat, je suis capable de faire à 100% les chansons de Mylène Farmer, je n'ai besoin de personne." En un sens, il a eu raison, le futur l'a prouvé. J'aurais cependant pu élargir leur univers....


Pensez-vous que Mylène et Laurent ont réalisé qu'après les 100 000 Maman a tort les 40 000 On est tous des imbéciles et l'échec de Plus Grandir, s'il n'y avait pas eu Libertine, tout se serait arrêté pour eux ?
Je ne sais pas, mais c'est évident.



Qu'est-ce que cela leur aurait coûté de vous prendre une musique par album, ne serait-ce que par fidélité ?
Pas grand chose. Il y a des gens qui sont fidèles, pas eux.


Pensez-vous que Laurent ait été jaloux de votre talent ?
Je pense...


Avez-vous revu ensuite Laurent Boutonnat ou Mylène ?
Non, jamais. Je n'ai même jamais pu la voir sur scène...


Aviez-vous confié vos problèmes avec Laurent à Bertrand Le Page ?
Nn. Je ne l'ai pas revu non plus.



Comment avez-vous vécu ce "divorce" ?
Mal. Je me suis remis en question. Aujourd'hui, la plaie est cicatrisée.


Votre chanson fait toujours partie des incontournables ?
Ça m'a rassuré, notammnt de la trouver dans tous les live en intégralité, sauf dans un - le Mylenium - où elle ne figurait que dans un medley. Le public a dû la réclamer car, dans le tour suivant, la chanson était à nouveau en entier. Je me souviens la première fois où je l'ai entendue en version live, elle faisait 12 minutes et cela a été un drôle de choc !


Suivez-vous la carrière de Mylène ? Savez-vous que son dernier album marche moins ?
Oui, je sais. D'ailleurs, pour son dernier album, j'aurais pu lui être utile. Maintenant, c'est trop tard, mais j'aurais pu me mettre sur une création totale, il n'y a aucune raison que j'ai perdu cette veine mélodique. Je l'ai d'ailleurs déjà dit lors d'une interview que j'ai faite par le net pour un magazine consacré à Mylène, un magazine qu'elle doit contrôler vu le nombre de photos auquel ils ont accès.


Avez-vous senti des faiblesses dans le dernier album ? Que Mylène se répétait peut-être ?
Oui, tout à fait.


Après Mylène, on retrouve votre nom sur l'album de Jean René en 1987, mais aussi ceux de Serge Lama, sutdio puis live en 1987 et 1988. Vous composez également Enlève ton walkman pour Corinne Catherine chez Déesse / CBS toujours en 1987... Avez-vous eu des clones de Mylène qui sont venus vers vous ?
Non, pas de clones mais je n'ai jamais retrouvé une artiste comme Mylène et ce n'est pas faute d'avoir cherché ! Vers 1988- 1989, j'ai travaillé pour Anne chez Walt Disney avec laquelle j'ai eu un album d'or, mais je n'ai pas trouvé ça terrible, même si j'y ai composé deux musiques et j'ai fait tous les arrangements. Les textes étaient de Pierre Grosz, dont je ne garde pas un bon souvenir : il passait son temps à me dire que ma musique était trop compliquée, trop riche avec trop d'harmonies... qu'il fallait que j'écoute untel ou untel. Au mixage de l'album d'Anne il m'a même fait tout refaire, car il voulait la voix bien devant.


Avez-vous continué longtemps avec lui ?
Non, en 1990, je me suis retrouvé détruit. Comme les droits de Libertine avaient été très corrects en 1987 et 1988 et que j'avais quelques réserves, j'ai préféré travailler seul, écrire des musiques que je présentais à des éditions. J'ai dû faire une trentaine de musiques, une majorité sans texte, quelques unes avec des paroles à moi, non pas parce que j'ai eu une révélation d'auteur, mais plutôt parce que je n'ai pas le sens de l'équipe. J'aurais été ravi de trouver un auteur et un éditeur qui placent nos chansons mais je ne dois pas "exciter" les gens...


Quand avez-vous arrêté la musique ?
En 1992. les droits de la version originale de Libertine ont baissé et le studio ne marchait plus assez pour me mener jusqu'à la retraite : j'ai donc décidé d'arrêter la musique et de faire autre chose dont je n'ai pas envie de parler. Je suis donc devenu artisan pendant six ans, uniquement pour nourrir ma famille - ma femme ne travaillait plus depuis plusieurs années - et surtout pour payer des études à mes deux filles qui étaient adolescentes. (...)


Les droits de Libertine sont quand même repartis ?
Oui, vers 1995 - 1996 avec les nouveaux live, les vidéos... Cela a même été du gâteau, d'autant plus que je ne m'y attendais pas. Ensuite, dans les années 2000, il y a eu une reprise européenne (Ndlr : Kate Ryan) donc ça a été très, très bon jusqu'à aujourd'hui, au point que je m'y suis habitué, même si je me dis toujours que cela va redescendre.


Mylène va-t-elle la prendre dans le nouveau live de janvier ?
Peut-être qu'elle va essayer de s'en passer...


Combien Libertine représente-t-il de vos droits d'auteur ? 80% ?
Oui (rires), et même plus !


Avez-vous eu des demandes pour que Libertine soit exploitée par la pub ou le cinéma ?
Oui, plusieurs. J'ai d'ailleurs toujours donné mon accord, mais je sais que Laurent s'y est toujours opposé.


(...)

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